Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

là fut la limite de tous ces conquérants, ils s’arrêtèrent au fleuve Jaxarte (Sihon ou Sir), que les Scythes nomment Silis (VI, 7) ; Alexandre et ses soldats crurent que c’était le Tanaïs (Don). Ce fleuve fut traversé par Démodamas, général des rois Séleucus et Antiochos, que nous suivons de préférence dans cette partie ; il consacra des autels à Apollon Didyméen.

XIX. (XVIII.) Au delà sont les peuples scythes ; les Perses les ont appelés en général Saces, du nom de la nation scythique la plus voisine ; les anciens les ont appelés Araméens. Les Scythes eux-mêmes donnent aux Perses le nom de Chorsares, et au Caucase celui de Groucasus, c’est-à-dire, blanchi par la neige. La multitude de ces peuples est innombrable, et ils vivent comme les Parthes. Les plus célèbres sont les Saces, les Massagètes, les Dahes, les Essédons, les Ariaques, les Rhymniciens, les Paesiques, les Amardes, les Histes, les Edons, les Cames, les Camaques, les Euchates, les Cotières, les Antarians, les Piales, les Arimaspes, nommés auparavant Cacidares, les Aséens, les Œtéens, les Napéens et les Apelléens, deux peuples qu’on dit avoir péri : fleuves célèbres, le Mandragaeus et le Caspasius. Nulle part les divergences des auteurs ne sont plus grandes, sans doute à cause du grand nombre et de la vie errante de ces nations. Alexandre le Grand a rapporté, lui aussi, que l’eau de la mer Caspienne était douce ; et M. Varron raconte que de l’eau de cette mer ayant été apportée à Pompée, qui commandait dans le voisinage pendant la guerre de Mithridate, fut trouvée telle : sans doute la masse d’eau des fleuves qui s’y jettent triomphe de l’amertume du sel. Le même auteur a écrit qu’il fut reconnu sous Pompée qu’en sept jours on arrive de l’Inde dans la Bactriane sur le bord du fleuve Icare, qui se jette dans l’Oxus ; et que les marchandises de l’Inde, amenées de la par la mer Caspienne dans le Cyrus, peuvent être transportées par terre, en cinq jours au plus, jusqu’au Phase, qui tombe dans le Pont-Euxin. Dans toute cette mer il y a beaucoup d’îles ; la plus connue est Tazata.

XX. De la mer Caspienne et de l’océan Scythique, notre itinéraire s’infléchit vers la mer d’Orient, direction que prend la ligne du littoral. La première partie, qui commence au promontoire Scythique, est inhabitable à cause des neiges ; la suivante est inculte à cause de la férocité des peuples ; là sont les Scythes anthropophages, qui se nourrissent de chair humaine. Aussi à l’entour sont de vastes solitudes, où errent une multitude de bêtes farouches qui assiègent les hommes, non moins féroces quelles ; puis de nouveau des Scythes ; de nouveau des déserts peuplés de bêtes, jusqu’à la montagne qui s’avance sur la mer, et qu’on nomme Tabis. Ce n’est guère avant la moitié de la longueur de cette côte, qui regarde le levant d’été, que la contrée est habitée.

Les premiers hommes qu’on y connaisse sont les Sères, célèbres par la laine de leurs forêts ; ils détachent (XI, 26 ; XII, 22) le duvet blanc des feuilles, en l’arrosant d’eau ; puis nos femmes exécutent le double travail de dévider et de tisser. C’est avec des manœuvres si compliquées, c’est dans des contrées si lointaines qu’on obtient ce qui permettra à la matrone de se montrer en public avec une étoffe transparente. Les Sères sont civilisés ; mais, très semblables aux sauvages mêmes, ils fuient la société des autres