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partie de l’Asie, située au septentrion et exposée aux rigueurs d’un ciel glacial, a d’immenses solitudes. Depuis le point extrême d’où souffle l’Aquilon (nord-est) jusqu’au commencement du lever d’été, sont les Scythes. En dehors des Scythes et au delà du commencement de l’Aquilon, quelques-uns ont placé les Hyperboréens, sur lesquels nous avons donné des détails en traitant de l’Europe (IV, 26). Partant de là, on connaît d’abord le promontoire Lytarmis de la Celtique, et le fleuve Carumbucis, où baissent la rigueur du froid et la chaîne des monts Riphées. On place ici un certain peuple Arimphéen, qui diffère peu des Hyperboréens ; il a pour demeure les bois, pour nourriture des baies : les hommes comme les femmes tiennent à déshonneur de porter leurs cheveux ; les mœurs sont douces ; aussi dit-on qu’ils sont considérés comme sacrés et inviolables, même par les nations sauvages qui les avoisinent ; et non seulement eux, mais aussi ceux qui ont cherché un asile dans leur pays. Au delà, plus d’incertitude : ce sont les Scythes, les Cimmériens, les Cissianthes, les Géorgiens, et la nation des Amazones ; celle-ci s’étend jusqu’à la mer Caspienne ou mer d’Hyrcanie.

XV. En effet l’océan Scythique fait une irruption par les derrières de l’Asie, et forme une mer à laquelle les riverains ont donné plusieurs noms : de ces noms les deux plus célèbres sont mer Caspienne et mer d’Hyrcanie. Clitarque pense qu’elle n’est pas moindre que le Pont-Euxin ; Eratosthène en donne même la mesure, 5.400 stades, depuis le levant et le midi, en suivant la côte de la Cadusie et de l’Albanie ; de là, par la côte des Anariaques, des Amardiens et des Hyrcaniens, jusque l’embouchure du fleuve Oxus, 4800 stades : de cette embouchure jusqu’à celle du Jaxarte, 2400, ce qui fait 1.575.000 pas. Artémidore retranche de cette mesure 25.000 pas. Agrippa, fixant les limites de la mer Caspienne, des nations riveraines et de l’Arménie à l’Océan Sérique du côté du levant, à la chaîne du Caucase du côté du couchant, à celle du Taurus du côté du midi, à l’océan Scythique du côté du nord, dit que la mer Caspienne a en longueur, autant qu’elle est connue, 490.000 pas, en largeur 290.000. Il ne manque pas d’auteurs qui en évaluent tout le circuit depuis le détroit [qui la joint à l’Océan] à 2.500.000 pas.

Le détroit par lequel elle pénètre dans les terres est resserré, et d’une longueur considérable : quand elle commence à s’élargir, elle s’incurve en forme de croissant, comme si elle descendait vers le Palus-Méotide, ressemblant, dit Varron, à un fer de lance. Le premier golfe s’appelle Scythique ; il est habité des deux côtés par les Scythes, qui communiquent entre eux à travers le détroit ; d’une part sont les Nomades et les Sauromates, divisés en un grand nombre de peuplades : d’autre part les Abzoens, qui ne se divisent pas moins. A la droite de l’entrée et à la pointe même sont les Udins, peuple scythe ; puis, sur la côte, les Albaniens, issus, dit-on, de Jason, et donnant leur nom à la mer qui est en face d’eux : cette nation, couvrant les montagnes du Caucase, descend, comme nous l’avons dit (VI, 11), jusqu’au fleuve Cyrus, limite de l’Arménie et de l’Ibérie ; au-dessus de la côte maritime de l’Albanie et de la nation des Udins, s’étendent les Sarmates, les Utidorses, les Arotères, et, derrière