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LIVRE V.


I.

1 L’Afrique a été appelée Libye par les Grecs, et la mer qui la baigne, mer Libyque ; elle a l’Égypte pour limite1. Aucune région ne présente moins de golfes ; les côtes s’étendent obliquement sur une ligne prolongée à partir de l’occident. Les noms de ses peuples et de ses villes2 sont, plus peut-être que ceux d’aucun autre pays, impossibles à prononcer pour les étrangers ; et d’ailleurs les indigènes n’habitent guère que des châteaux.

2
(I)
On rencontre d’abord les Mauritanies. Ce furent des royaumes jusqu’à C. César (Caligula), fils de Germanicus ; sa cruauté3 en fit deux provinces. À l’extrémité du détroit et sur l’Océan est un promontoire appelé Ampelusia par les Grecs. Il y eut jadis les villes de Lissa et de Cotta (XXXII, 6), au delà des colonnes d’Hercule ; maintenant on trouve Tingi, fondée jadis par Antée, puis appelée Traducta-Julia par l’empereur Claude, quand il 3 en fit une colonie. Tingi est à 30,000 pas de Belone, ville de la Bétique ; c’est de ce point que le trajet est le plus court pour passer en Espagne. À 25,000 pas de Tingi, sur la côte de l’Océan, est la colonie d’Auguste, Julia Constantia Zilis, qui fut soustraite à la domination des rois de la Mauritanie et attribuée à la juridiction de la Bétique ; à 32,000 pas de cette dernière ville est Lixos, dont l’empereur Claude a fait une colonie, et qui a été pour les anciens l’objet des récits peut-être les plus fabuleux : là fut le palais d’Antée et son combat avec Hercule ; là furent les jardins des Hespérides (XI, 12). La mer se répand en un estuaire à trajets sinueux ; aujourd’hui on explique le dragon et sa garde par cette disposition des lieux. Dans cet estuaire est une île, qui, bien 4 qu’un peu plus basse que le reste du terrain avoisinant, n’est pas cependant inondée à la marée montante ; on y voit un autel d’Hercule, et du célèbre bois qui produisait des pommes d’or il ne reste que des oliviers sauvages. On s’étonnera moins des mensonges extravagants de la Grèce sur ces jardins et sur le fleuve Lixus, si l’on songe que tout récemment des auteurs latins ont fait sur le même sujet des récits qui ne sont guère moins prodigieux : à savoir, que cette ville de Lixos est très-puissante, et surpasse en étendue Carthage la Grande ; qu’en outre elle est située l’opposite de Carthage et à une distance presque immense de Tingi, et tous ces contes auxquels Cornélius Népos a ajouté foi avec tant d’avidité. À 40,000 pas 5 du Lixus, dans l’intérieur des terres, est une autre colonie d’Auguste, Babba, appelée Julia Campestris, et à 75,000 pas une troisième colonie, Banasa, surnommée Valentia ; à 35,000 pas de cette dernière, la ville de Volubile, également éloignée de l’une et de l’autre mer ; sur la côte, à 50,000 pas du Lixus, le Subur, coulant le long de Banasa, fleuve magnifique et navigable ; à 50,000 pas du Subur, la ville de Sala, placée sur un fleuve de même nom, déjà voisine des déserts, et infestée par des troupeaux d’élé-