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sont Burchana (Borkum), appelée par les nôtres Faberia, à cause d'un fruit qui y vient spontanément, et qui ressemble à une fève; Glessaria (IV, 20), appelée ainsi par nos soldats à cause du succin, et Austranla par les barbares; enfin Actania.

XXVIII. [1] Toute cette côte, jusqu'à l'Escaut, est habitée par des nations Germaniques, et la dimension n'en peut guère être donnée, tant les divergences de ceux qui en ont parlé sont excessives : les Grecs et quelques-uns des nôtres ont évalué la côte de la Germanie à 2.500,000 pas; Agrippa, avec la Rhétie et le Norique, en porta la longueur a 696.000 pas, et la largeur à 148.000; (XIV) la Rhétie à elle seule, pour ainsi dire, est plus large, mais il faut remarquer qu'elle n'a été subjuguée (an de Rome 739) que vers l'époque de sa mort (an de Rome 742) : quant à la Germanie, elle n'a été connue que beaucoup d'années après, et ne l'est pas même encore entièrement. S'il est permis de se livrer à des conjectures, l'opinion des Grecs sur le développement de cette côte, et celle d'Agrippa sur la longueur en ligne directe de la Germanie, ne s’éloignent pas beaucoup de la vérité. Il y a cinq races germaines : les Vindiles, auxquels appartiennent les Burgondes, les Varins, les Carins, les Guttons; seconde race, les Ingévons, auxquels appartiennent les Cimbres, les Teutons et les nations des Chauques; troisième race, la plus voisine du Rhin, les Istévons, auxquels appartiennent les Cimbres (19); quatrième race dans l'intérieur des terres, les Hermions, auxquels appartiennent les Suèves, les Hermondures, les Chattes et les Chérusques;

[2] cinquième race, les Peuciniens et les Basternes, limitrophes des Daces nommés précédemment (IV, 25, 1). Des fleuves célèbres se jettent dans l'Océan, le Guttale, le Vistille ou Vistule, l'Elbe, le Visurgis, l'Amisius, le Rhin, la Meuse; l'intérieur du pays est parcouru par la chaîne Hercynienne, qui ne le cède à aucune en renom.

XXIX. (XV.) [1] Dans le Rhin lui-même, sur une longueur de presque 100.000 pas, est l'île très célèbre des Bataves et des Cannénufates: d'autres, qui appartiennent aux Frisons, aux Chauques, aux Frisiabons, aux Sturiens, aux Marsaciens, sont étendues entre le Hélius et le Flevum: c'est ainsi qu'on appelle les bras par lesquels le Rhin s'épanche au nord dans des lacs, au couchant dans la Meuse; le bras intermédiaire, et qui garde son nom, n'est qu'un canal médiocre.

XXX. (XVI.) [1] En face est l'île de Bretagne, célèbre dans les monuments de la Grèce et de Rome. Située entre le nord et le couchant, elle regarde dans une grande étendue la Germanie, la Gaule et l'Espagne, qui sont de beaucoup les parties les plus considérables de l'Europe. Elle portait le nom d'Albion lorsque celui de Bretagne était donné à toutes les îles dont nous parlerons bientôt. Elle est éloignée de 50.000 pas de Gessoriacum, sur la côte de la Morinie; c'est là que le trajet est le plus court. Elle a de tour 3.825.000 pas, d'après Pythéas et Isidore. Il n'y a guère que trente ans que les armes romaines l'ont fait connaître; et encore cette connaissance ne dépasse-t-elle pas les abords de la forêt Calédonienne.

[2] Agrippa croit que la longueur de cette île est de 800.000 pas, et la largeur de 300.000; que l'Hibernie a la même largeur, mais 200.000 pas de moins en long. Cette dernière île, située au delà de la Bretagne,