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passant, dans une étendue de 150.000 pas, non loin de Tifernum, de Perusia et d'Ocricule. Il sépare l'Etrurie de l'Ombrie et de la Sabine ; à une distance de moins de 13.000 pas de Rome, il sépare le territoire de Véïes de celui de Crustuminum, puis celui des Fidénates et des Latins des campagnes du Vatican. Mais recevant, à partir du Glanis d'Arétinum, quarante-deux rivières, dont les principales sont le Nar et l'Anio, qui, navigable lui-même, ferme le Latium par derrière. Il reçoit encore toutes les eaux et toutes les sources amenées à Rome, et devient capable de porter les plus gros navires qui remontent de la mer Italienne. II transporte paisiblement les produits de tout l'univers, et il n'est peut-être aucun fleuve dans les eaux duquel se réfléchisse un plus grand nombre de maisons de campagne.

[3] A aucun fleuve non plus moins de liberté n'a été laissée; les deux rives en sont diguées, et lui­même, quoique sujet à des crues fréquentes et subites, quoique ne débordant nulle part ailleurs plus qu'à Rome, ce n'est pas pour s'affranchir qu’il combat: à vrai dire, c'est plutôt un prophète qui nous avertit; et dans ses crues il fait parler la religion plutôt qu'il n'exerce des ravages.

[4] Le Latium a conservé ses anciennes limites, s'étendant, depuis le Tibre jusqu'à Circeï, dans un espace de 50.000 pas en longueur. Telles furent les faibles racines de l'empire romain. Les habitants ont souvent changé : il a été occupé, à des époques successives, par les Aborigènes, par les Pélasges, par les Arcadiens, par les Sicules, par les Aurunques, par les Rutules, et au delà de Circei par les Volsques, les Osques, les Ausones, ce qui a fait étendre le nom de Latium jusqu'au fleuve du Liris. On trouve d'abord Ostie, colonie fondée par un roi de Rome; la ville de Laurente; le bois de Jupiter Indigète; le fleuve Numicius, Ardée, fondée par Danaé, mère de Persée; puis un temple de Vénus, aujourd'hui ruiné; Antium, colonie; le fleuve et l'île Astura; le fleuve Nymphée; Clostra Romana; Circeï, jadis une île, et même entourée d'une mer immense, au dire d'Homère (Od. X, 194), aujourd'hui située dans une plaine.

[5] Nous pouvons ici mettre sous les yeux du lecteur des particularités singulières: Théophraste, qui, le premier des étrangers, a écrit avec quelque exactitude touchant les Romains ; (car Théopompe, avant lequel il n'y a aucune mention de Rome, rapporte seulement qu'elle fut prise par les Gaulois; et Clitarque, qui vient immédiatement après lui, ne parle que d'une ambassade envoyée à Alexandre); Théophraste, dis-je, ne s'en tenant plus à de simples ouï-dire, a évalué la mesure de l'île de Circeï à 80 stades (mètres 14.720), dans le livre qu'il composa. Nicodore étant archonte des Athéniens, an de Rome 440 (Hist. Plant. V, 9). Ainsi, depuis cette époque, l'Italie s'est accrue de tout le terrain qui dépasse un pourtour d'environ 10.000 pas ou 80 stades.

[6] Autre singularité : à partir de Circeï sont les marais Pontins (XXVI, 9), où, d'après Mucianus trois fois consul, se trouvaient 33 villes. Vient ensuite le fleuve Ufens, au-dessus duquel est la ville de Terracine, appelée Anxur dans la langue des Volsques; l'emplacement d'Amyclae (VIII, 43), détruite par les serpents; le lieu de la caverne d'Amyclae, le lac Fundanus, le port de Caïète, la ville de Formies, appelée jadis Hormies, ancien