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la troisième partie du monde, mais la moitié, divisant l'univers entier en deux parties, par une ligne allant du Tanaïs au détroit de Cadix.

[2] L'Océan, précipitant les eaux atlantiques par l'intervalle dont il vient d'être parlé, couvre de son flot avide toutes les régions pour lesquelles sa venue fut une épouvante, bat le long de rivages sinueux celles qui lui résistèrent, et découpe les côtes de l'Europe en une multitude d'enfoncements.

[3] Il y a creusé quatre golfes principaux : le premier part de Calpé, mont situé, comme il a été dit, à l'extrémité de l'Espagne, et s'étend par une courbe immense jusque la ville de Locres et au promontoire du Brutium (02).

II. [1] La première contrée située sur ce golfe est l'Espagne ultérieure ou Bétique. A partir du territoire d'Urgis (03) est l'Espagne citérieure ou Tarraconnaise, jusqu'aux Pyrénées. L'Espagne ultérieure est, dans sa longueur, divisée en deux provinces: la Bétique, et, au nord de la Bétique, la Lusitanie, qui en est séparée par le fleuve Ana (04). Ce fleuve, qui a sa source dans le territoire de Laminium (05), Espagne citérieure, tantôt s'épanche en nappe, tantôt se resserre dans un chenet étroit, ou même dlsparaît absolument dans des trajets souterrains, comme s'il se plaisait à naître plus d'une fois, et finit par se jeter dans l'océan Atlantique. La Tarraconaise, d'une part, adossée aux Pyrénées, dont elle longe toute la chaîne, d'autre part, étendue transversalement de la mer d'Ibérie (06) à la mer des Gaules (07), est séparée de la Bétique et de la Lusitanie par le mont Solorius, par les monts Orétans et Carpetans, et par la chaîne des Asturies.

Ill. [1] La Bétique, ainsi nommée du fleuve qui la traverse par le milieu, surpasse toutes les autres provinces par la richesse de sa culture et par un certain éclat de fertilité qui lui est particulier. Elle a quatre sièges de juridiction, à Cadix, à Cordoue, à Astigi (08), à Hispalis (09). Les villes y sont au nombre de 125, savoir : 9 colonies, 8 municipes, 25 villes auxquelles a été accordé le droit du Latium, 6 libres, 3 alliées, 120 sujettes au tribut (10). Voici ce qu'on y peut citer de remarquable, du moins nommer facilement en latin: A partir du fleuve Ana, le long du rivage de l'Océan, la ville d'Onoba, surnommée Aestuaria: les rivières de Luxia et d'Urium (11), qui coupent cet espace: les monts de sable (12), le fleuve Bétis (13); le rivage de Core qui fait une sinuosité, en face de laquelle est Cadix, dont il sera question parmi les îles (IV, 35);

[2] le promontoire de Junon (14), le port Besippon, les villes Belon et Mellaria ; le détroit par où s'introduit la mer Atlantique; Carteia (15), appelée par les Grecs Tartessos ; le mont Calpé ; puis, sur le rivage de la Méditerranée, la ville de Barbesula avec le fleuve de même nom, la ville et le fleuve de Salbuda, la ville de Suel, la ville et le fleuve de Malaca, pays allié; puis la ville et le fleuve de Maenoba ; Sexti Firmum, surnommée Julium, Selambina, Abdera, Murgis, limite de la Bétique.

[3] M. Agrippa a pensé que toute cette côte avait une population d'origine carthaginoise; mais, à partir du fleuve Ana, tout ce qui est sur l'Océan Atlantique appartient aux Bastules et aux Turdules. M. Varron assure que l'Espagne entière a été peuplée de colonies ibérienness, perses, phéniciennes, celtiques et carthaginoises; que le jeu (lusus) de Bacchus ou Lysas, célébrant avec lui les bacchanales, a donné le nom à la Lusitanie, et que le nom de l'Espagne entière dérive de Pan, lieutenant du dieu. Quant