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PLINE.


du même lac, les rend blanches ; le Pénée (IV, 15), comme le Mélas, les rend noires ; le Xanthe, près d’Ilion, fauves, d’où vient le nom du fleuve. Dans le Pont, le fleuve Astaces (53) arrose des campagnes où les juments donnent un lait noir, servant de nourriture à la population. Au territoire de Réate (II, 96 ; III, 17), une source, appelé Neminia, change de lieu d’origine, et annonce par là les variations de la récolte. Dans le port de Brindes, une source fournit aux navigateurs des eaux excellentes. 11Auprès de la ville de Lyncus (IV, 17), une eau dite acidule enivre comme le vin (XXXI, 13) ; des sources semblables se trouvent dans la Paphlagonie et dans le territoire de Calenum. Mucianus, trois fois consul, croit que dans l’île d’Andros (IV, 23 ; XXXI, 13) le temple de Bacchus a une source qui, aux nones de janvier (le 5 janvier), ne manque jamais à couler avec le goût de vin : on l’appelle Don de Jupiter. Auprès de Nonacris (XXXI, 19), en Arcadie, le Styx, dont l’eau ne présente rien de remarquable ni pour l’odeur ni pour la couleur, tue immédiatement ceux qui en boivent : de même, à Librosus (54), colline de la Tauride (IV, 26), se trouvent trois sources causant la mort sans remède, sans douleur. Dans le territoire de Carrinum, en Espagne, deux sources sont voisines, dont l’une repousse tout, et l’autre absorbe tout. Dans le même pays, une autre source montre tous les poissons avec une couleur d’or : quand on les retire de cette eau, ils ne diffèrent en rien des autres. 12Dans le pays de Come, près du lac Larius, une source abondante se gonfle et décroît régulièrement toutes les heures. Dans l’île de Cydonée (V, 39), en avant de Lesbos, une source chaude ne coule qu’au printemps. Le lac Sinnaüs, en Asie, a un goût amer, à cause de l’absinthe qui croît autour. À Colophon, dans la caverne d’Apollon Clarien, est une flaque d’eau qui fait rendre à ceux qui en boivent des oracles merveilleux ; mais elle abrège leur vie. Des fleuves ont remonté vers leur source ; cela s’est vu même de nos jours, dans les dernières année du règne de Néron, ainsi que nous l’avons rapporté dans son histoire.

13 Qui ne sait aussi que toutes les sources sont plus froides en été qu’en hiver ? Qui ne sait (merveilles de la nature) que le cuivre et le plomb en masse s’enfoncent, en feuilles surnagent ; que parmi des corps de même pesanteur, les uns s’enfoncent, les autres se soutiennent : que les fardeaux se meuvent plus facilement dans l’eau ; que la pierre de Scyros (XXXVI, 26) surnage sous un grand volume, et qu’elle s’enfonce quand elle est réduite en fragments ; que les cadavres récents vont au fond, qu’ils viennent à la surface lorsqu’ils se gonflent ; 14 que les vases plongés dans l’eau ne sont pas plus faciles à en retirer vides que pleins, que les eaux de pluie sont plus utiles dans le traitement des salines que les autres (XXXI, 39), et qu’il ne se fait du sel que par le mélange des eaux douces ; que les eaux de mer se congèlent plus lentement, et prennent feu plus rapidement (55) ; que la mer est plus chaude en hiver, plus salée en automne ; que toute mer est apaisée par de l’huile ; que pour cette raison les plongeurs en mettent dans leur bouche pour la répandre, parce que cette substance est un calmant pour l’orageux élément, et y apporte de la transparence ; que la neige ne tombe pas en haute mer ; 15que, malgré la tendance de toute eau à se porter en bas, les sources jaillissent de la terre, et qu’il en sort même au pied de l’Etna, siège d’un incendie assez vaste pour lancer, avec des globes de flamme (56), une pluie de sable sur un espace de plus de cent cinquante mille pas ?