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LIVRE II.


manifeste, mais c’est environ deux heures équinoxiales plus tard : les phénomènes qui se passent dans le ciel ne produisant jamais leurs effets qu’un certain temps après avoir été vus, comme pour l’éclair, le tonnerre, et la foudre (II, 55).

6 Toutes les marées de l’Océan couvrent par leur débordement de plus grands espaces que celles des autres mers, soit qu’un système agissant dans sa totalité ait plus d’énergie qu’agissant dans une de ses parties, soit que l’immense étendue d’une mer ouverte à l’influence illimitée de l’astre y soit plus sensible qu’une mer circonscrite. C’est ce qui fait que ni les lacs ni les rivières n’ont de marées. Pythéas de Marseille rapporte qu’au delà de la Bretagne les marées s’élèvent de quatre-vingts coudées. Les mers intérieures sont renfermées par les terres comme dans un port ; cependant, en certains lieux, l’espace étant plus large obéit à l’empire de la lune. Il y a beaucoup d’exemples de navires qui, partis d’Italie, sont arrivés par une mer tranquille, sans l’action des rames, à Utique le troisième jour, par l’impulsion seule de la marée. 7Ces mouvements se font sentir le long des rivages plus que dans la haute mer, de la même façon que dans le corps humain les extrémités ressentent davantage le battement des veines, c’est-à-dire de l’air vital. Dans la plupart des estuaires les marées présentent des différences à cause du lever des astres, qui diffère selon chaque localité ; la variation porte sur le temps et non sur le mode, exemple, les Syrtes.

C.

1 Il y a cependant des marées particulières en certains lieux : ainsi le flux vient plusieurs fois dans le détroit de Messine à Tauromenium III, 14), et sept fois le jour et la nuit dans l’Euripe, auprès de l’Eubée (IV, 21) La marée est au plus bas pendant trois jours dans le mois, au septième, au huitième, au neuvième jour de la lune. À Cadix, la fontaine proche du temple d’Hercule, laquelle est renfermée dans une espèce de puits, augmente et diminue, tantôt en même temps que l’Océan, tantôt à des époques opposées. 2Dans le même lieu, une autre fontaine s’accorde avec les mouvements de l’Océan. Sur le bord du fleuve Bétis est une ville dont les puits diminuent à la mer montante, augmentent à la mer descendante, et sont immobiles dans l’intervalle. Dans la ville d’Hispalis un seul puits offre ce phénomène ; les autres n’ont rien de particulier. Le Pont-Euxin s’écoule toujours dans la Propontide, mais le flot ne se reporte jamais dans le Pont-Euxin.

CI.

1(XCVIII.) Toutes les mers se purgent à la pleine lune, et quelques-unes dans une saison déterminée. Auprès de Messine et de Myles, les flots rejettent sur le rivage des ordures semblables à du fumier, d’où la fable que les bœufs du Soleil ont là leurs étables. À cela Aristote (car je ne veux rien omettre sciemment) ajoute qu’aucun animal n’expire, si ce n’est au reflux. Ce fait a été l’objet de beaucoup d’observations dans l’Océan des Gaules, et il ne s’est vérifié que sur l’homme.

CII.

1(XCIX.) On en conclut avec raison que la lune est, à bon droit, regardée comme l’astre du souffle vital ; c’est elle qui sature les terres ; elle est pour les corps cause de réplétion par son approche, d’inanition par son éloignement : ainsi, quand elle croît, les coquillages croissent (II, 41) ; et les êtres qui ressentent le plus l’action de son souffle sont ceux qui n’ont pas de sang. 2De plus, le sang de l’homme augmente et diminue avec la lumière de cet astre ; le feuillage et les pâturages,