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LIVRE II.


Vectius Marcellus (XVII, 38), chevalier romain, intendant des propriétés de Néron.

LXXXVI.

1(LXXXIV.) Les tremblements de terre s’accompagnent de débordements de la mer, que le même souffle soulève sans doute, et qui se répand sur la terre affaissée. Le plus grand tremblement de terre dont on se souvienne est celui qui arriva sous le règne de Tibère (après J.-C. 17) : douze villes de l’Asie furent renversées en une seule nuit. Les tremblements furent très fréquents durant la guerre punique ; dans la même année (an de Rome 537, avant J.-C. 217) on en annonça cinquante-sept à Rome. Ce fut dans cette année que se livra la bataille du lac de Trasimène ; et le tremblement de terre, quoique violent, ne fut senti ni par les Carthaginois ni par les Romains. 2Ce n’est pas d’ailleurs simplement un fléau comportant d’autres périls que la secousse elle-même ; les périls qu’il présage sont égaux ou plus grands. Jamais tremblement n’a ébranlé la ville de Rome sans annoncer en même temps quelque catastrophe imminente.

LXXXVII.

1(LXXXV.) La même cause produit des terres nouvelles, lorsque le souffle qui secoue la terre, suffisant pour soulever le sol, est trop faible pour faire éruption. En effet, ce n’est pas seulement par les alluvions des fleuves que naissent des terres nouvelles, comme les îles Échinades par les dépôts du fleuve Achéloüs, et la plus grande partie de l’Égypte par ceux du Nil de l’Égypte, qui, si nous en croyons Homère (Od. IV, 354), était séparée de l’île de Pharos (V, 34) par un jour et une nuit de navigation. Ce n’est pas seulement non plus par la retraite de la mer, ainsi que cela est arrivé à Circeii (III, 9) dont le même Homère fait une île (Od. X, 195). 2Il y a un retrait semblable d’une étendue de dix milles (myr. 1,4725), dans le port d’Ambracie. On en cite un de cinq (kil. 7,362) dans l’Attique, au Pirée (IV, 11) ; et à Éphèse, où les flots venaient jadis battre le temple de Diane. Si nous ajoutons foi à Hérodote (Eut. p. 93), la mer couvrait jadis l’Égypte au delà de Memphis, jusqu’aux montagnes d’Éthiopie ; elle occupait aussi les lieux plats de l’Arabie. Les environs d’Ilium et toute la Teuthranie (V, 33) furent une mer dans laquelle le Méandre finit par apporter la terre ferme.

LXXXVIII.

1(LXXXVI.) Des terres naissent aussi d’une autre façon ; elles surgissent soudainement dans une mer, comme si la nature se donnait à elle-même des équivalents, et restituait dans un lieu ce qu’elle a englouti dans un autre.

LXXXIX.

1(LXXXVII.) Des îles depuis longtemps célèbres, Délos et Rhodes, sont, d’après la tradition, nées de cette façon. Dans la suite, il en a surgi d’autres plus petites, Anaphé, au delà de Mélos ; Néa, entre Lemnos et l’Hellespont (IV, 13) ; Halone (V, 38), entre Lébedos et Téos ; entre les Cyclades, l’an 4 de la 135e ol. (av. J.-C. 237), Théra et Thérasia : entre ces dernières, cent trente ans plus tard, Hiéra, qui porte aussi le nom de Automaté ; et derechef, cent dix ans plus tard, de notre temps, sous le consulat de M. Janus Silanus et de L. Balbus (après J.-C. 19), le 8 des ides de juillet (le 8 juillet), Thia, à la distance de deux stades de la précédente (mètres 368) (46).

2(LXXXVIII.) En face de nous et près de l’Italie, il s’en est formé une entre les îles Éoliennes (II, 110) ; une autre est sortie de la mer, près de la Crète, ayant une étendue de deux mille cinq cents pas (kil. 3,681); et des sources chaudes. Une troisième est apparue l’an 3 de la 163e ol.