Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
PLINE.


et réfracté, et que la variété des couleurs est due au mélange du nuage, de l’air et du feu. Ce phénomène ne se voit qu’à l’opposite du soleil. Il n’a jamais d’autre forme que celle d’un demi-cercle. Il ne se montre jamais la nuit, bien qu’Aristote rapporte qu’on en a vu quelquefois. Cependant le même Aristote avoue que cela ne peut arriver que le trentième jour de la lune (34). Les arcs-en-ciel se montrent en hiver, surtout durant la décroissance des jours, après l’équinoxe d’automne. Après l’équinoxe du printemps, quand les jours croissent, il n’y a pas d’arc-en-ciel ; il n’y en a pas non plus vers le solstice, pendant les jours les plus longs ; mais ils sont fréquents vers le solstice d’hiver, c’est-à-dire pendant les jours les plus courts. Ils sont élevés quand le soleil est bas, bas quand le soleil est élevé, moindres au lever ou au coucher, mais ayant de la largeur ; étroits à midi, mais embrassant un plus grand espace. En été, on n’en voit pas à midi ; après l’équinoxe d’automne, on en voit à toute heure, et jamais plus de deux à la fois.

LXI.

1 Les autres phénomènes naturels de ce genre ne sont guère l’objet de difficultés. (LX.) La grêle est une pluie congelée ; la neige, une pluie moins condensée par la congélation ; le givre (XVII, 37), de la rosée gelée. Pendant l’hiver il tombe de la neige, et point de grêle. La grêle elle-même tombe plus souvent pendant le jour que pendant la nuit ; et elle fond plus rapidement que la neige. Les brouillards ne s’élèvent ni en été ni par les plus grands froids. Les rosées ne tombent ni par la gelée, ni par la chaleur, ni par le vent ; il n’y en a que par les nuits sereines. 2Un liquide (XXXI, 21) en se congelant diminue ; et, la glace fondue, on n’en retrouve plus la même quantité (35).

3(LXI.) On aperçoit des couleurs et des figures diverses dans les nuages, suivant que le feu y domine ou y est dominé.

LXII.

1(LXII.) En outre, certains lieux offrent des particularités. En Afrique, pendant l’été, les nuits sont abondantes en rosée. En Italie, à Locres (III, 10) et sur le lac Vélin (III, 18), il n’y a pas de jour où un arc-en-ciel n’apparaisse ; à Rhodes et à Syracuse, les nuages ne sont jamais tellement épais que le soleil ne brille au moins pendant quelques moments. Il sera plus convenablement question de ces phénomènes en lieu et place. Voilà ce que j’ai à dire au sujet de l’air.

LXIII.

1((LXIII.) Vient ensuite la terre. Seule, entre toutes les choses de la nature, elle a mérité par tous ses bienfaits qu’on lui donnât le nom sacré de mère (XXIII, 4). Elle appartient aux hommes comme le ciel à Dieu ; naissants, elle nous reçoit ; nés, elle nous nourrit ; une fois venus à la lumière du jour, elle nous sert toujours de support ; enfin elle nous embrasse dans son sein lorsque nous sommes déjà séparés du reste de la nature, nous couvrant alors surtout, comme une mère ; sacrée, puisqu’elle nous rend nous-mêmes un objet sacré ; portant nos monuments et nos inscriptions, faisant durer notre nom, et étendant notre mémoire au delà du court intervalle de cette vie. 2Divinité suprême, nous la souhaitons, dans notre colère, pesante à ceux qui ne sont plus, comme si nous ignorions que seule elle ne s’irrite jamais contre l’homme. L’eau descend en pluie, se congèle et grêle, se soulève en flots, se précipite en torrents ; l’air se condense en nuage, se déchaîne en tempêtes ; mais la terre, bénigne, bonne, indulgente, et toujours au service des mortels, que n’engendre-t-elle pas malgré elle ! que n’épanche--