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LIVRE II.


nuages. Le Corus (nord-ouest) et le Vulturne (sud-est) sont secs, excepté lorsqu’ils vont finir. L’Aquilon (nord-est) et le Septentrion (nord) sont neigeux. Le Septentrion et le Corus amènent la grêle ; l’Auster, la chaleur ; le Vulturne et le Favonius (ouest), une température tiède : 2ces deux derniers sont plus secs que le Subsolanus (est); et, en général, tous les vents qui soufflent du septentrion et de l’occident sont plus secs que ceux du midi et de l’orient. Le plus salubre de tous est l’Aquilon (nord-est) ; l’Auster (sud) est nuisible, surtout quand il est sec, peut-être parce que humide il est plus froid : on pense que les animaux ont moins d’appétit quand il règne. Les vents étésiens cessent d’ordinaire de souffler la nuit, et ils commencent à la troisième heure du jour (trois heures après le lever du soleil) ; en Espagne et en Asie, ils soufflent de l’orient ; dans le Pont, de l’aquilon (nord-est) ; dans les autres contrées, du midi. 3Ils soufflent aussi du solstice d’hiver, et alors ils sont appelés Ornithies, mais ils sont plus faibles et durent peu de jours. Il y a même deux vents qui changent de nature en changeant de pays : en Afrique, l’Auster (sud) est serein, l’Aquilon (nord-est), nuageux. Les vents ou se succèdent de proche en proche, ce qui est le plus ordinaire, ou sautent au point opposé. Dans le premier cas, ils se remplacent de gauche à droite, dans le sens de la marche du soleil. Le quatrième jour de la nouvelle lune est surtout celui qui décide ce qu’ils seront dans tout le mois. Avec les mêmes vents on navigue dans des directions contraires, suivant les écoutes qu’on largue ; et il arrive souvent, pendant la nuit, que des navires venant de sens opposé se rencontrent. 4L’Auster (sud) soulève de plus grandes vagues que l’Aquilon (nord-est), parce que le premier souffle des régions inférieures de la mer, et le second, des régions supérieures : aussi est-ce surtout après les vents du sud qu’il y a des tremblements de terre destructeurs. L’Auster est plus violent la nuit : l’Aquilon, le jour ; les vents qui soufflent de l’orient sont plus durables que ceux qui soufflent de l’occident. Les vents du septentrion cessent généralement au bout d’un nombre impair de jours, observation qui se retrouve dans beaucoup d’autres parties de la nature ; aussi les nombres impairs sont-ils regardés comme mâles. Le soleil augmente ou comprime les vents ; il les augmente à son lever et à son coucher ; il les comprime à son midi dans l’été. Ils s’assoupissent la plupart du temps vers le milieu du jour et de la nuit, car un excès de froid les apaise, comme un excès de chaleur ; des pluies abondantes les apaisent aussi ; on les attend surtout du point où les nuées dissipées ont découvert le ciel. 5Eudoxe pense que, si l’on se donne la peine d’observer les plus courtes révolutions, on voit revenir dans le même ordre, au bout de quatre ans, tous les phénomènes météorologiques, non seulement les vents, mais encore à peu près toutes les autres tempêtes. Le lustre d’Eudoxe commence toujours dans une année bissextile, au lever de la Canicule. Voilà ce que j’avais à dire des vents généraux.

XLIX.

1 Quant aux souffles soudains qui, nés, comme nous l’avons dit (II, 42), des exhalaisons de la terre, s’élèvent pour être de nouveau précipités, ils s’entourent d’abord d’une enveloppe de nuage, et présentent des apparences variées. En effet, tantôt ils errent et se précipitent comme des torrents, et, dans ce mouvement, produisent les tonnerres et les éclairs, d’après l’opinion déjà citée (II, 43) de quelques-uns ; tantôt, roulant avec un poids et une violence plus grande, s’ils déchirent largement la nuée sèche, ils engendrent un ouragan appelé par les Grecs Ecnéphias.