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LIVRE II.


les corps et la campagne. Sous l’influence de l’astre, les uns éprouvent des paralysies, les autres des commotions dans le ventre, dans les nerfs, dans la tête, dans l’intelligence, à des époques réglées. L’olivier (XVIII, 68), le peuplier blanc et le saule, au solstice d’été, recoquillent leurs feuilles ; 2le pouliot desséché et suspendu au toit fleurit le jour même du solstice d’hiver ; les membranes distendues par l’air se rompent. Celui-là s’étonnera de ces phénomènes qui n’a pas remarqué (expérience quotidienne) qu’une plante appelée tournesol (XXII, 19) regarde toujours le soleil qui s’en va, et tourne continuellement avec lui, même lorsque les nuages le voilent ; que la lune a aussi une action par laquelle les huîtres, les coquillages et les testacés de toute espèce croissent et diminuent selon ses phases. 3Bien plus, les observateur attentifs ont découvert que le nombre des lobes du foie de la souris répond à l’âge de la lune (XI, 76 ; XXIX, 15), et qu’un très petit animal, la fourmi (XI, 36), est sensible à l’influence de cet astre, et cesse son travail quand il n’est pas visible. En ceci notre ignorance est d’autant plus honteuse qu’il est reconnu que les affections des yeux, chez certaines bêtes de somme (XI, 55), croissent et décroissent avec la lune. Ce qui nous excuse, c’est l’immensité des cieux séparés de nous par une énorme hauteur, et divisés en soixante-douze constellations. 4Ces constellations sont les images d’objets ou d’animaux entre lesquelles les astronomes ont partagé le ciel. On y a noté seize cents étoiles, c’est-à-dire les étoiles remarquables par leurs effets ou par leur apparence ; par exemple, dans la queue du Taureau, sept qu’on appelle Pléiades, les Hyades au front, le Bouvier qui suit la grande Ourse.

XLII.

1(XLII.) Je ne nierai pas qu’indépendamment de ces causes, il ne se forme de la pluie et du vent ; car il est certain que la terre exhale des brouillards, tantôt humides, tantôt semblables à de la fumée, à cause des chaleurs, et qu’il ne se forme des nuages, soit par la sublimation de l’humidité, soit par la condensation de l’air en eau. 2Les nuages ont de la densité, et sont des corps ; on ne peut en douter, puisqu’ils voilent le soleil, qui, autrement, est visible même aux plongeurs, quelle que soit la profondeur à laquelle ils descendent.

XLIII.

1(XLIII.) En conséquence, je ne contesterai pas que les feux des étoiles peuvent tomber d’en haut sur les nuages, comme on le voit souvent par un temps serein. Il est certain que le choc de ces feux ébranle l’air : c’est ainsi que les traits sifflent dans leur trajet. Quand ils sont arrivés à la nue, il en résulte de la vapeur avec un bruit étrange, comme quand on plonge un fer rouge dans l’eau, et il se forme un tourbillon de fumée ; de là naissent les tempêtes. S’il y a dans la nue lutte de l’air ou de la vapeur, le tonnerre gronde ; si éruption ardente, la foudre éclate ; si effort prolongé dans un plus grand espace, l’éclair brille. Les éclairs fendent la nue, les foudres la déchirent. 2Le tonnerre est le retentissement des coups que frappent les feux ; aussi la flamme rayonne-t-elle dès que le nuage se fend. Le souffle émané de la terre peut aussi, repoussé en bas par les astres et arrêté dans les nuages, faire entendre le grondement du tonnerre tant que le son reste étouffé pendant la lutte, et les éclats de la foudre au moment de l’éruption, comme pour une vessie distendue par l’air. Il se peut encore que ce souffle, quel qu’il soit, s’allume par le frottement dans une descente rapide. Il se peut enfin que le choc des nuages fasse jaillir des éclairs,