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PLINE.


que degré comprend un intervalle d’un peu plus de 33 stades, le double dans l’orbite de Saturne qui est la plus grande ; dans celle du soleil qui est intermédiaire, la moitié de la somme de ces deux mesures. Ce calcul est plein de retenue ; car si au cercle de Saturne on ajoutait l’intervalle qui le sépare du zodiaque lui-même, on arriverait à une multiplication infinie.

XXII.

1(XXIV.) Il reste peu de chose à dire du monde. Dans le ciel même, des étoiles naissent soudainement ; il y en a plusieurs espèces. Les Grecs appellent comètes, les Romains étoiles chevelues, des astres qui inspirent la terreur par une crinière couleur de sang, et qui semblent hérissés sur le sommet. On appelle pogonies ceux dont la crinière est disposée à la partie inférieure sous la forme d’une longue barbe. Les aconties sont lancées comme un javelot ; elles indiquent des événements d’un accomplissement très prochain : 2telle est celle dont le César Titus Imperator, dans son cinquième consulat (an de J. C. 77), a fait le sujet d’une pièce de vers admirable. C’est la dernière de ce genre qu’on ait vue. Les comètes plus courtes et allongées en pointe ont été appelées xiphies ; et ce sont les plus pâles de toutes ; elles ont le reflet d’un glaive, et sont dépourvues de rayons. Les discoïdes, d’une forme indiquée par leur nom, ont la couleur de l’ambre, et ne projettent que peu de rayons par leurs bords. Les pithées ont la figure de tonneaux, et présentent dans leur partie concave une lueur fumeuse. Les cératies ont l’apparence d’une corne : telle fut celle qui apparut quand la Grèce coalisée livra la bataille de Salamine (av. J. C. 480). 3Les lampadies imitent les torches ardentes. Les hippées imitent la crinière d’un cheval, vivement agitée, et tournoyant sur elle-même. Il y a aussi des comètes blanches, à chevelure argentée, d’un éclat tellement radieux que l’on peut à peine y fixer les yeux ; elles offrent, sous une apparence humaine, l’image d’un dieu. 4Il y en a aussi qui sont comme hérissées de poils et enveloppées d’une espèce de nuage. Il est arrivé une fois que la chevelure s’est changée en lance ; ce fut dans la 108e olympiade, l’an 398 de Rome (21). Le plus court espace de temps noté durant lequel elles ont été visibles est de 7 jours, le plus long de 80 (22).

XXIII.

1 Parmi les comètes les unes se meuvent comme les planètes, les autres demeurent immobiles. Presque toutes sont dans la région septentrionale du ciel ; elles en occupent une partie qui n’est pas fixe, et surtout la partie blanche, qui a reçu le nom de voie lactée. Aristote (23) rapporte qu’on en voit souvent plusieurs à la fois, observation que personne autre n’a faite, à ma connaissance ; et il ajoute que ce phénomène indique des vents violents et de fortes chaleurs. Les comètes se montrent aussi dans les mois d’hiver et vers le pôle du midi, mais là sans aucun éclat. 2Il y a eu une comète fatale aux peuples de l’Éthiopie et de l’Égypte, et connue sous le nom de Typhon, qui fut un roi de ces temps anciens ; d’une apparence ignée, d’une forme contournée en spirale, d’un aspect effrayant, moins une étoile qu’une espèce de nœud enflammé. Quelquefois les planètes et les autres astres se montrent garnis de cheveux. Les comètes n’apparaissent jamais à l’occident (24). Ce sont des astres pleins de présages funestes, et qui ne se contentent pas de légères expiations, témoin les troubles civils sous le consul Octavius (an de Rome 678 ; avant J. C. 76.), et derechef la guerre de Pompée et de César (avant J. C. 49); témoin encore, de notre temps, l’empoisonnement qui fit succéder Néron à