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LIVRE II.

planètes sont censées être parvenues aussi loin qu’elles le peuvent ; et lorsque leurs orbites restent en deçà du soleil d’autant de degrés, ces mêmes planètes sont alors censées rétrograder trop vite, quoique dans l’un ou l’autre cas elles aient atteint également l’extrémité de leur écartement. 3Ce qui doit faire comprendre que le mouvement y est en sens opposé des autres : car dans les supérieures il s’accélère à leur coucher du soir, tandis qu’alors il se ralentit dans les planètes inférieures ; c’est à la plus grande hauteur qu’a lieu là le ralentissement, ici l’accélération. En effet, l’accélération de vitesse est pour les unes au voisinage du centre, pour les autres dans la plus grande hauteur de leur cercle. Arrivées au lever matinal, les supérieures perdent de leur rapidité, les inférieures en acquièrent davantage. 4Les premières rétrogradent de la station du matin à celle du soir ; au contraire, Vénus rétrograde de celle du soir à celle du matin, monte en latitude au lever matinal, suit le soleil et prend de la hauteur à partir de la première station, atteint à l’instant du coucher du soir le plus de hauteur et le plus de vitesse, puis au lever du soir descend en latitude et diminue de mouvement, enfin rétrograde et s’abaisse à partir de la station du soir. 5De son côté, Mercure au lever matinal prend de la latitude et de la hauteur, et décroît en latitude au lever du soir ; arrivé à quinze degrés du soleil, il reste là environ quatre jours immobile, décroît de hauteur et rétrograde, depuis le coucher du soir jusqu’au lever du matin. Seul avec la lune, il met à descendre le même temps qu’à monter ; Vénus en met quinze fois autant à monter. La digression coûte à Saturne et à Jupiter deux fois, à Mars quatre fois, le temps de l’ascension, tant est grande la variété de la nature. Mais la raison en est évidente : ce qui fait effort vers les rayons brûlants du soleil descend aussi à regret (19).

XV.

1Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces mystères de la nature, et les lois auxquelles elle s’est assujettie elle-même. Par exemple, Mars, dont le cours échappe le plus à l’observation, n’est jamais stationnaire quand Jupiter est en trine aspect, et ne l’est que rarement quand cet astre est à 60 degrés, nombre qui donne au monde la forme hexagone ; les deux planètes ne se lèvent en même temps que sous les signes de l’Écrevisse et du Lion. Le lever du soir de Mercure est rare dans les Poissons, il est très fréquent dans la Vierge ; le lever du matin se fait dans la Balance, aussi bien que dans le Verseau ; 2en revanche, il est extrêmement rare dans le Lion. Mercure ne rétrograde jamais dans le Taureau et les Gémeaux, et sa rétrogradation dans l’Écrevisse ne commence qu’au vingt-cinquième degré de ce signe. Deux conjonctions de la lune avec le soleil ne se rencontrent que dans le signe des Gémeaux ; le Sagittaire est le seul qu’elle passe quelquefois sans conjonction. Dans le Bélier seulement, on apercevra, le même jour ou la même nuit, le dernier quartier et la nouvelle lune ; encore est-il donné à peu d’hommes d’apercevoir ce phénomène, et de la fable de la vue de Lyncée. 3Saturne et Mars ne sont jamais invisibles dans le ciel plus de cent soixante et dix jours ; Jupiter s’absente trente-six ou du moins vingt-six jours ; Vénus, de soixante-neuf à cinquante-deux au moins ; Mercure, de treize à dix-huit au plus.