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dière, qui sans aucun doute aurait fait une seule couleur de plusieurs si on y eût plongé des étoffes déjà peintes , en fait plusieurs d’une seule. Il y a en même temps coction et teinture, et les tissus qui ont subi cette coction deviennent plus solides que s’ils n’y avaient pas été soumis.

XLIII. ({{sc|xii.) En voilà assez et trop sur la peinture. Il convient maintenant de parler de l’art de modeler, ou plastique. Dibutades de Sicyone, potier de terre, fut le premier qui inventa, à Corintbe, l’art de faire des portraits avec cette même terre dont il se servait, grâce toutefois à sa fille : celle-ci , amoureuse d’un jeune homme qui partait pour un lointain voyage, renferma dans des lignes l’ombre de son visage projeté sur une muraille par la lumière d’une lampe ; le père appliqua de l’argile sur ce trait, et en fit un modèle qu’il mit au feu avec ses autres poteries. On rapporte que ce premier type se conserva dans le Nymphæum jusqu’à ladestructlon (148) de Corinthe par Mummius (xxxiv, 3] (an de Rome 608). D’autres prétendent que les premiers inventeurs de la plastique furent Rhœcus et Théodore, à Samos, longtemps avant l’expulsion des Bacchiades hors de Corintbe ; que Démarate, qui s’enfuyait de cette ville, et qui, en Étrurie, donna le jour à Tarquin l’Ancien, roi du peuple romain , était accompagné des modeleurs Euchir, Diopus (149) et Eugramme, et que ces artistes transmirent la plastique à l’Italie. L’invention de Dibutades serait alors d’avoir mêlé de la rubrique à l’argile, ou d’avoir modelé avec de la terre rouge (150). Il fut aussi le premier qui plaça des figures sur le bord des toits ; il les nomma d’abord prostypa (151) (c’est-à-dire peu proéminentes) ; puis le même artiste les fit proéminentes, ectypa. De là vinrent les ornements du faîtage des temples. C’est à cause de lui que les artistes en ce genre ont été appelés plastes.

XLIV. Le premier qui fit un portrait d’homme avec du plâtre moulé sur le visage même, et qui redressa cette première image à l’aide de cire coulée dans le plâtre , fut Lysistrate de Sicyone, frère de Lysippe dont nous avons parlé (xxxiv, 19, 12). Ce fut lui aussi qui s’appliqua à rendre la ressemblance ; avant lui, on ne s’étudiait qu’à faire les plus belles têtes possible. Le même artiste imagina, pour les statues, d’en faire le modèle (152) ; et cette idée eut tant de vogue, qu’on ne fit ni figure ni statue sans un modèle en argile ; d’où il parait que la statuaire en marbre est antérieure à l’art de couler le bronze (xxxvi, 4,5).

XLV. Les modeleurs les plus célèbres ont été Damopbile et Gorgase, l’un et l’autre peintres également. Ils ont orné de leurs ouvrages dans ces deux genres le temple de Cérés à Rome, près du grand Cirque. Une inscription en vers grecs apprend (153) que les ouvrages de droite sont de Démophile, et ceux de gaucbe de Gorgase. Varron dit qu’avant la construction de ce temple tout était toscan (xxxiv, 16) dans les temples, et qu’en réparant celui-ci on scia les peintures qui étaient sur les murailles, et qu’on les encadra ; de plus, que les figures qui étaient sur le faîte furent dispersées. Chalcosthène fit à Athènes des ouvrages en terre crue , dans le lieu qui, du nom de son atelier, est appelé Céramique. Varron rapporte avoir connu à Rome un nommé Posis, qui faisait des fruits et des raisins si ressemblants, qu’on ne pouvait, à la vue, les distinguer des fruits véritables. Le même auteur vante Arcésilaûs lié avec Lucius Lucullus (xxxv, 40, 2), et dont

mutatas. Nec pofltea ablui polest : iu corlina non dubie cooTusura colores, si pictos acdperet, digerit e% une, pÎDgitqoe dom ooquit. £t adusUe vestes finniores fiunt , quamsinon arerenlur.

1 XUil. (%ii.) De pictura satis superque : contexuisse bis et plasiieeo oonveoiat. Ejusdem opère tcrrap fiogere ex argiUasimilitiidines, Dibutades Sicvonius âgulus primiis ÎAvenit CorîDUii, liliœ opéra : qo» capla amore juveois, Ulo abeunte peregre, umbram ex facie ^us ad lucernam in parieie lineis circumscripsit : quibus pater ^us impressa argilla typum fecit, el cum ceteris fictilibus induratum igni proposuit : eumqoe servatam io NymphSBO, donec CmioUium Mummius eferterit, traduut. t SuDtqui in Samo priroosomninm plasticen invenisse Rlicocum et Tbeodorum tradant, molto anle Baccbiadas CoriD-Uio pulsoe. Demaratum vero ex eadem arbe profogum , qui io Etruria Tarquinium Priscum regem populi romani genuit, comitatos ficlores Euchira, Diopum et Ëugranunum : ab lis lUUae traditam plasUceo. Dibutadis ioventum est, rubricam addere, aut ex rubra creta fiugere : primusque peraonas tegularom extremis imbricibus imposuit , quae iuter iuiUa prostypa vocavit. Postea idem ectypa fecit. Hiuc et lasUgla templorum orta : propter huoc plastK appellali. XLlV. Uomiois autem imagioem gypso e facie ipsa i primus omnium expressit, ceraque in eam formam gypsi infusa eroendare instituit Lysistratus Sicyontus, frater Lysippl , de quo diximus. Hic et similUudinem r^dere instituit : ante eum, quam pulcberrimas facere studebant. Idem et de sigois effigies exprimere iuvenit : crevitqtic res in tantum , ut nulla signa , statuseve , sine argiila fièrent. Quo apparet antiquiorem liane fuisse scientiam quam fundendi œris.

XLV. Piastœ laudatissimi fuere Damophiins et Goi- i gasus, iidemque pictores : qui Cereris œdem Romae ad Circum maximum utroque génère artis suœ excoluerunl , versibus inscriptis graece, quibus significarenl a dextra opéra Damophili esse, ab Laeva Gorgasi. Ante hanc ivdem Tuscauica omnia iu abdibns fuisse, auctor est M. Varro. Ex bac, quum reficeretur, crustas parietum excisas tabulis marginatis inclusas esse : item signa ex fastigiis dispersa, t’ecit et Chalcostbeoes cruda opéra Atbents , 2 qui locus ab ofUcina ejus Ceramicos appellatur. M. Varro tradit sibi cognitum Romaî Posim nomioe , a qiio facta poma et uvas, ut non posses adspectu discerncro a veriïi. Idem maguilicat Arcesilaum , Lucii Lucuili familiarem , ciijus pioptasmala pluris veuire solita artificibus ipsb^.