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DÉDICACE À APOLLODORE

Gloire, ô Maître ! à ce pleur, honneur de ta paupière.
Au beau pleur exhumant de l’apparat jaloux
Le geste d’Orphéus qui donnait l’âme aux pierres
Et muselait d’amour la mâchoire des loups !
Le voyais-tu heurté de blancs talons barbares
Qui riait aux vils coups à cause des beaux bras
Et qui, répudiant les couronnes avares,
Pardonnait à l’eau-ciel que son sang illustra !
Il tomba : l’orde Nuit l’ensevelit d’étoiles ;
Mais le flanc de la Thrace avait gardé son cri !
Et son chant dans la neuve aurore refleurit ;
Et vois qu’aux belles mains, les Muses sororales
Ont noué de lauriers sa tempe libérale !

Oui, Thrace ! ton vieux flanc s’est rompu d’une foudre.
Une voix a splendi parmi l’air étonné :
Apollodore, au sang d’Orpheus, nous est rené !
Et haut cri reparu des millénaires poudres,
Les lynces ont rugi de neuves destinées !