Page:Plessys - Le Premier Livre pastoral, 1892.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
DÉDICACE A APOLLODORE

Tu t’assis, souriant, sur la chaise de bronze ;
La rose disputait tes tempes à l’œillet,
Et comme un vœu d’amour était grand à la ronde,
Tu parlas de la Terre aux Cieux qui souriaient.
Ta magnanime main, reine des cordes vastes,
Comme un cèdre épandait les Muses en rameaux
Et ta bouche, captive à la bouche des astres,
Fiançait Nue et Sol par la bague du Mot.

La Vie cependant aux jachères passives
Buvait comme la plui’ ta surhumaine voix.
Ah! souviens-toi, Harpeur, comme écoutaient les bois !
Souviens-toi de Lipare aux enclumes actives
Suspendant pour t’ouïr les tonnerres crétois ;
Souviens-toi d’Eolus au frivole plumage
Grave d’une aile en rêve au beau tronc de ta voix ;
Souviens-toi d’Artemis au pas des bœufs sauvages
Courbante d’un frein court l’étonné palefroi ;