Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


MILPHIDIPPE, à part. Et moi, comme je lui fais la barbe !

PALESTRION, à part. On ne peut mieux.

MILPHIDIPPE. Mais, de grâce, renvoyez-moi bien vite.

PALESTRION. Eh donc, répondez-lui Quelque chose, oui ou non. Pourquoi mettre la mort dans l’âme à qui ne vous a jamais fait de mal ?

PYRGOPOLINICE. Dites-lui qu’elle vienne me trouver elle-même, que je ferai tout ce qu’elle veut.

MILPHIDIPPE. Voilà qui est bien ; elle a envie de vous et vous d’elle.

PALESTRION. Il n’est pas de ces petits esprits…

MILPHIDIPPE. Vous ne méprisez pas une femme qui vous prie, vous vous laissez toucher. (Bas.) Eh bien, est-ce assez se moquer ?

PALESTRION, bas. Par Hercule, je ne peux m’empêcher de rire : aussi me suis-je détourné pour ne pas vous voir.

PYRGOPOLINICE. Vous ne savez pas, la belle, combien je l’estime à présent.

MILPHIDIPPE. Je le sais, et je le lui dirai.

PALESTRION. Il pouvait vendre ses faveurs à une autre au poids de l’or.

MILPHIDIPPE. Je vous crois bien.

PALESTRION. Toutes celles qu’il engrosse donnent le jour à de vrais héros, des enfants qui vivent quatre-vingts ans.

MILPHIDIPPE, à part. Peste du mauvais plaisant !

PYRGOPOLINICE. Mieux que cela, ils vivent mille ans, dix siècles bien comptés.

PALESTRION. J’en rabattais, de peur qu’elle ne me prit pour un menteur.

MILPHIDIPPE. Miséricorde ! combien vivra-t-il lui-même, si ses fils vivent si longtemps ?

PYRGOPOLINICE. Ma bonne, je suis né le lendemain du jour où Jupiter naquit d’Ops.

PALESTRION. S’il était venu au monde la veille, au lieu de Jupiter c’est lui qui régnerait dans le ciel.

MILPHIDIPPE. Assez, assez, de grâce, laissez-moi partir, si c’est possible.

PALESTRION. Partez, vous avez la réponse.

MILPHIDIPPE. Je vais chercher celle qui m’envoie et l’amener ici. Vous ne désirez plus rien ?

PYRGOPOLINICE. D’être moins beau que je ne suis : cette beauté m’attire trop d’affaires.