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ACROTÉLEUTIE. Quand il s’agit de malice et de -bons tours, une femme n’oublie rien, elle se souvient toujours et toujours. Mais s’il est question d’une bonne action, d’un procédé loyal, en moins de rien elles deviennent oublieuses et ne se rappellent plus quoi que ce soit.

PÉRIPLECTOMÈNE. C’est précisément pour cela que je crains, car vous avez à faire l’un et l’autre. Ce qui sera du mal pour le militaire, pour moi sera du bien.

ACROTÉLEUTIE. Pourvu que nous fassions le bien sans nous en douter, n’ayez pas peur, soyez tranquille, toute courtisane sait son métier dès qu’il s’agit de mal faire.

PÉRIPLECTOMÈNE. C’est bien à vous. Suivez-moi.

PALESTRION. Allons au-devant d’eux. (A Périplectomène.) Je suis heureux de vous revoir en bonne santé… Par Hercule, quelle mise charmante !

PÉRIPLECTOMÈNE. Nous te rencontrons tout à propos, Palestrion. Voici les femmes que tu m’as dit d’amener, et mises comme tu le désirais.

PALESTRION. Bravo, vous avez notre estime. (A Acrotéleutie.) Palestrion salue Acrotéleutie.

ACROTÉLEUTIE, à Périplectomêne. Quel est cet homme, dites-moi, qui me salue si bien comme s’il me connaissait ?

PÉRIPLECTOMÈNE. C’est notre architecte.

ACROTÉLEUTIE. Bonjour, architecte.

PALESTRION. Bonjour. Mais vous a-t-il instruites comme il faut de votre rôle ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Je les amène fort bien dressées, l’une et l’autre.

PALESTRION. Je voudrais voir comment. J’ai si peur que vous ne vous trompiez.

PÉRIPLECTOMÈNE. D’après vos recommandations, je n’ai rien ajouté de mon cru.

ACROTÉLEUTIE. Vous voulez qu’on attrape le militaire, votre maître ?

PALESTRION. Vous l’avez dit.

ACROTÉLEUTIE. Tout est disposé finement, habilement, de la plus joyeuse manière.

PALESTRION. Et je veux que vous passiez pour la femme du voisin.

ACROTÉLEUTIE. Ce sera fait.

PALESTRION. Que vous ayez l’air d’en tenir pour le militaire.

ACROTÉLEUTIE. Ce sera ainsi.