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vos bacchanales à la cave, moi je vais chercher le maître sur la place.

LUCRION, à part. Je suis perdu, le maître me fera rouer de coups en rentrant à la maison, quand il saura ce qui s’est passé, pour me punir de ne l’avoir pas averti. Par Hercule, je vais me sauver et retarder un peu la correction. (Aux spectateurs.) Ne le dites pas à Palestrion, je vous en prie, je vous en conjure.

PALESTRION. Où vas-tu ?

LUCRION. On m’a envoyé en commission ; je reviens à l’instant.

PALESTRION. Qui t’a envoyé ?

LUCRION. Philocomasie.

PALESTRION. Va donc, et reviens vite.

LUCRION. En attendant, de grâce, si on distribue les coups, prenez ma part du temps que je n’y suis pas. (Il s’en va.)

PALESTRION. Je comprends ce que fait la belle. Scélèdre dort, elle envoie hors de la maison son espion en sous-ordre, pour pouvoir passer ici. C’est bien. Mais Périplectomène arrive, avec la femme que je lui ai demandée : qu’elle est jolie ! Par Hercule ! les dieux sont pour nous. Quelle tenue convenable ! rien qui sente la courtisane. Tout marche à souhait.


SCÈNE III. — PÉRIPLECTOMÈNE, MILPHIDIPPE, ACROTÉLEUTIE, PALESTRION.


PÉRIPLECTOMÈNE. Acrotéleutie, et toi ma chère Milphidippe, je vous ai dit chez vous l’affaire de point en point. Si vous n’êtes pas bien au courant de toute la trame, je vais vous l’expliquer encore une fois. Si vous avez compris, parlons d’autre chose.

ACROTÉLEUTIE. Je serais la dernière des sottes et la bête des bêtes, de venir me mêler des affaires d’autrui, et de vous promettre mon aide, si je n’avais pas la finesse et la ruse que demandent ces sortes de tours.

PÉRIPLECTOMÈNE. Il vaut mieux pourtant vous faire la leçon.

ACROTÉLEUTIE. A quoi sert de donner des leçons à une courtisane ? je ne le comprends pas. C’est du temps perdu pour moi. Sitôt que j’ai eu entendu tous vos longs discours, je vous ai dit comment il fallait s’y prendre pour berner votre militaire.

PÉRIPLECTOMÈNE. On n’a pas toute la sagesse à soi seul. J’ai vu bien des gens faire fausse route avant de trouver le bon chemin.