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que je ne crois pas qu’on ait vu ni qu’on ne voie jamais son pareil.

PÉRIPLECTOMÈNE. C’est mon opinion.

PALESTRION. Aussi ne se fait-il pas faute de dire qu’il est plus beau que Paris, et il nous raconte que toutes les femmes d’Éphèse lui courent après.

PÉRIPLECTOMÈNE. Par Pollux, il n’est pas besoin de tant parler de lui. Je sais que tu n’es pas menteur, et je suis bien sûr que tu es dans le vrai. Ainsi, Palestrion, abrége tant que tu pourras ton discours.

PALESTRION. Pouvez-vous nous trouver une jolie personne, dont le corps et le cœur soient tout séduction et tout ruse ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Une femme libre ou une affranchie ?

PALESTRION. Cela m’est égal, pourvu que vous me donniez une femme qui vive de ses charmes, et qui ait de l’esprit, car pour le cœur, aucune n’en a.

PÉRIPLECTOMÈNE. Une femme faite ou un tendron ?

PALESTRION. Ni trop maigre ni trop grasse, aussi jolie et aussi jeune que possible.

PÉRIPLECTOMÈNE. J’ai ici ma cliente, une jeune courtisane. Mais qu’en veux-tu faire ?

PALESTRION. Faites-la venir chez vous, et amenez-la parée comme une personne de condition : bien coiffée, cheveux longs, bandelettes, et qu’elle fasse semblant d’être votre femme ; recommandez-lui cela.

PLEUSIDE. Je ne devine pas où tu veux en venir.

PALESTRION. Vous le saurez. A-t-elle une suivante ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Oui, et une dessalée.

PALESTRION. Nous en aurons besoin aussi : recommandez-lui donc bien, à elle et à sa soubrette, d’avoir l’air d’être votre femme et d’en tenir pour notre soldat. Elle aura remis cet anneau à sa suivante, qui me l’aura apporté pour le donner au militaire ; je serai l’entremetteur.

PÉRIPLECTOMÈNE. J’entends ; ne me rebats pas les oreilles comme à un sourd.

PALESTRION. Puisque vous entendez, je vais de ce pas porter l’anneau à notre homme ; je dirai que votre femme vient de me l’apporter et de me le laisser, pour que je la mette dans ses bonnes grâces. Avec sa tête, il prendra feu tout d’abord ; le coquin ne se plaît qu’à séduire les femmes des autres.

PÉRIPLECTOMÈNE. Quand on chargerait le soleil de les chercher,