Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SCÉLÈDRE. A quoi tient que je ne me sois perdu ! Si j’avais parlé à notre maître !

PALESTRION. Si tu es sage, bouche close. Un esclave doit en savoir plus qu’il n’en dit. Je te quitte, pour ne pas être ton complice, et je vais chez le voisin. Tes algarades ne sont pas mon fait. Si le maître vient, je suis là, tu m’appelleras.


SCÈNE VI. — SCÉLÈDRE, PÉRIPLECTOMÈNE.


SCÉLÈDRE. Il a tôt fait de s’en aller, sans plus se soucier des affaires du maître que s’il n’était pas à son service. Ce qu’il y a de sûr, c’est que notre belle est au logis. Je viens de la voir sur son lit. Eh bien, maintenant, faisons sentinelle.

PÉRIPLECTOMÈNE. Par Hercule, ces esclaves de mon voisin le militaire ne me prennent pas pour un homme, mais pour une femme, tant ils se moquent de moi. Comment ! une personne que je reçois, qui arrive hier d’Athènes avec mon hôte, ici, en pleine rue, l’insulter, la bousculer, une femme libre et de bonne maison ?

SCÉLÈDRE, à part. Je suis perdu ! il marche droit sur moi. Je crains que cette aventure ne m’attire bien du désagrément, d’après ce que je viens d’entendre dire au bonhomme.

PÉRIPLECTOMÈNE. Abordons-le. C’est donc toi, Scélèdre, vil coquin, qui viens de brutaliser ici, devant ma maison, une femme que j’ai reçue chez moi ?

SCÉLÈDRE. Écoutez, voisin, je vous en supplie.

PÉRIPLECTOMÈNE. Que je t’écoute ?

SCÉLÈDRE. Je veux me justifier.

PÉRIPLECTOMÈNE. Te justifier, après un trait si indigne, si révoltant ! Parce que vous êtes au service d’un soudard, vous croyez donc que tout vous est permis, maraud ?

SCÉLÈDRE. Ne puis-je…

PÉRIPLECTOMÈNE. Mais de par tous les dieux et toutes les déesses, je te ferai battre de verges, sans trêve ni merci, du matin jusqu’au soir, pour avoir brisé mes tuiles et saccagé mon toit en poursuivant la guenon ta camarade, pour être venu épier de là-haut, chez moi, mon hôte, tandis qu’il embrassait sa maîtresse, pour avoir accusé l’amie de ton maitre d’infidélité (une personne si sage !) et moi d’une infamie, enfin pour avoir outragé devant ma maison une femme que je loge ; et si l’on ne te-fait passer par les aiguillons, je couvrirai ton maitre de plus