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SCÉLÈDRE. Oui, et je soutiens que je l’y ai vue dans les bras d’un autre homme.

PALESTRION. Tu sais qu’il n’y a pas de passage entre cette maison et la nôtre ?

SCÉLÈDRE. Je le sais.

PALESTRION. Ni terrasse, ni jardin, à moins qu’on ne prenne les gouttières ?

SCÉLÈDRE. Je le sais.

PALESTRION. Eh bien, si elle est chez nous, si devant toi je la fais sortir de la maison, n’auras-tu pas mérité d’être roué de coups ?

SCÉLÈDRE. J’en conviens.

PALESTRION. Observe bien la porte du voisin, de peur qu’elle ne puisse sortir sans que tu la voies, et se faufiler chez nous.

SCÉLÈDRE. C’est aussi ce que je vais faire.

PALESTRION. Et moi je te l’amènerai ici, dans la rue, sur ses deux pieds.

SCÉLÈDRE. Allons, amène. (Palestrion sort.) Je suis curieux de savoir si j’ai vu ce que j’ai vu, ou s’il tiendra sa promesse en faisant qu’elle se trouve chez nous. Car enfin j’ai mes yeux et n’ai pas besoin d’emprunter ceux des autres. Mais ce vaurien est toujours à le flatter, à tourner autour de lui ; aussi c’est lui qu’on appelle le premier à table, c’est à lui qu’on donne les premiers morceaux, et il n’y a guère que trois ans à peu près qu’il est à notre service. Chez nous, il n’y a pas d’esclave mieux traité que lui. Mais faisons bien attention, ne quittons pas de l’œil cette porte. Je resterai campé ici et, par Pollux, ce n’est pas en passant par là qu’ils me joueront le tour.


SCÈNE IV. — PALESTRION, PHILOCOMASIE, SCÉLÈDRE.


PALESTRION, à Philocomasie. N’allez pas oublier mes leçons.

PHILOCOMASIE. Quelle manie de me le dire tant de fois !

PALESTRION. Je crains que vous ne soyez pas assez fine.

PHILOCOMASIE. Bon ! j’en remontrerais aux plus savantes. Je connais nos rusées et leurs finesses ; mais j’en ai à leur revendre.

PALESTRION. Allons, mettez-vous à l’œuvre : je vais m’éloigner de vous. Que fais-tu là, Scélèdre ?

SCÉLÈDRE. Je suis occupé ; mais j’ai des oreilles, tu peux parler.