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PALESTRION. Quel homme est-ce ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Je ne sais, tant il s’est dérobé brusquement.

PALESTRION. Je soupçonne… que c’est fait de moi.

PÉRIPLECTOMÈNE. Comme il s’en allait, je crie : «  Hé, là-haut, que fais-tu là sur mon toit ? » Il me répond en disparaissant qu’il court après un singe.

PALESTRION. Ah ! malheureux que je suis ! je vais périr pour cette méchante bête. Philocomasie est-elle encore ici ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Elle y était quand je suis sorti.

PALESTRION. De grâce, dites-lui d’aller chez nous au plus vite, que les gens de la maison la voient, si elle ne veut que pour ses beaux yeux nous autres esclaves nous soyons mis tous en croix.

PÉRIPLECTOMÈNE. Je le lui ai déjà dit ; me veux-tu encore quelque chose ?

PALESTRION. Oui ; recommandez-lui de ne pas sortir un moment de son caractère de femme, de rester fidèle aux fines traditions de son sexe, et de ne pas changer de couleur.

PÉRIPLECTOMÈNE. Comment cela ?

PALESTRION. Afin de confondre par un air de vérité celui qui l’a vue ici ; quand on l’y aurait vue cent fois, qu’elle nie. Elle a du front, de la langue, de la perfidie, de la malice, de l’assurance, de l’audace, du sang-froid, de la fourberie : que par un bon serment elle réduise au silence son accusateur. Elle est armée de mensonges, de tromperies, de parjures ; elle est en fonds de supercheries, d’artifices, de prestiges. Une femme un peu fine n’a pas besoin de recourir à sa voisine : elle a chez elle tout un arsenal de malins tours.

PÉRIPLECTOMÈNE. Je vais lui reporter tout cela, si elle est chez nous. Mais qu’est-ce donc que tu médites, Palestrion ?

PALESTRION. Taisez-vous un instant, j’assemble mon conseil dans ma tête pour délibérer sur ce qu’il y a à faire, sur la ruse que j’opposerai à mon rusé camarade, à celui qui a été témoin des baisers : il a vu, mais il ne faut pas qu’il ait vu.

PÉRIPLECTOMÈNE. Cherche, je vais un peu m’éloigner de toi. (Il se met à l’écart.) Voyez cette attitude, ce front que la méditation creuse. Il se frappe la poitrine ; on dirait qu’il veut faire sortir son cœur. Bon ! il se retourne, il se penche à gauche ; sa main gauche s’appuie sur sa cuisse, il compte sur les doigts de la main droite, il frappe rudement sa cuisse droite ; c’est qu’il a de la peine à trouver ce qu’il faut faire. Il fait claquer ses doigts, il s’évertue, il change à tout moment de pose. Le voilà qui