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ARTOTROGUS. Mais ai-je besoin de vous dire ce que sait le monde entier, que Pyrgopolinice est un mortel unique par sa valeur, sa beauté, ses sublimes exploits ? Toutes les femmes vous aiment, et, sur ma foi, elles n’ont pas tort, tant vous êtes joli garçon ; comme celles d’hier, qui me tiraient par mon manteau.

PYRGOPOLINICE. Que te disaient-elles ?

ARTOTROGUS. Elles me demandaient : « N’est-ce pas Achille ? — Non, leur dis-je, mais son frère. » L’autre secoue la tête : « Par Castor, s’écrie-t-elle, comme il est beau et de grande mine ! Voyez l’admirable chevelure. Ah ! elles sont bien heureuses, celles qui couchent avec lui ! »

PYRGOPOLINICE. Vraiment, elle disait cela ?

ARTOTROGUS. Oui, et toutes deux m’ont supplié de vous faire passer aujourd’hui par ici, comme une procession.

PYRGOPOLINICE. On est bien malheureux d’être trop bel homme.

ARTOTROGUS. Elles m’assassinent, elles me prient, tournent autour de moi, me conjurent de les laisser vous voir ; elles demandent que je vous mène chez elles. C’est au point que je n’ai plus un moment pour m’occuper de vos affaires.

PYRGOPOLINICE. Il me semble qu’il est temps d’aller sur la place, pour donner leur solde aux hommes que j’ai enrôlés hier. Le roi Séleucus m’a grandement prié de lui lever des recrues. Je veux employer cette journée pour ce prince.

ARTOTROGUS. Eh bien donc, marchons.

PYRGOPOLINICE. Suivez-moi, soldats.


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ACTE II.


SCÈNE I. — PALESTRION.


Je suis tout disposé à vous expliquer notre sujet, si vous voulez de votre côté m’écouter avec bienveillance. Si quelqu’un ne veut pas m’entendre, qu’il se lève et s’en aille, pour faire place à ceux qui désirent prêter l’oreille. Maintenant, puisque vous vous êtes réunis dans ce lieu de plaisir, je vous dirai le sujet et le nom de la comédie que nous allons jouer devant vous. En grec elle s’appelle Alazon, nous la nommons en latin le Fanfaron. La ville que vous voyez est Ephèse ; le militaire qui vient