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NOTICE SUR LE SOLDAT FANFARON.



Le Soldat fanfaron est une des comédies les plus amusantes de Plaute, une de celles où la décence reçoit les moins graves atteintes. Ce caractère de soldat n’existait pas chez les Romains ; c’est un type grec, que Plaute a copié plusieurs fois avec bonheur, mais jamais d’une manière aussi complète qu’ici. Pyrgopolinice n’est pas seulement un bravache, un vantard qui fait sonner bien haut des exploits imaginaires ; c’est aussi un bel homme, un fat épris de sa personne, et l’on n’a pas de peine à lui faire croire que toutes les femmes veulent se jeter à sa tête : aussi se pose-t-il en héros lassé de bonnes fortunes et ne pouvant y suffire. C’est cette fatuité même qui le perd : on le fait donner dans le piège sans avoir besoin d’y mettre trop de malice, et il laisse partir une jeune et jolie esclave pour s’assurer les bonnes grâces d’une courtisane déguisée en femme mariée. Ces faveurs qu’il espère, tout en faisant le dédaigneux, se changent pour lui en coups de bâton.

Parmi les personnages, il en est un qui du premier abord fait la conquête du spectateur ; mais aussi quelle heureuse création que le caractère de Périplectomène ! Aimable vieillard, sans aucun des défauts ni des infirmités de son âge, point grondeur, point morose, mais au contraire bon, gai, serviable, hospitalier, indulgent aux jeunes amours, se souvenant de ses folies, excusant celles des autres, sans femme, sans enfants, riche à sa suffisance et peu soucieux d’épargner pour des collatéraux ! Le voilà mêlé à une intrigue,