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CHARINUS. Mais enfin marchez, marchez, je la lui rendrai aussi douce que Junon l’est pour Jupiter[1].


SCÈNE III. — LYSIMAQUE, DÉMIPHON.


LYSIMAQUE. Démiphon, vous avez, je crois, souvent entendu citer cette belle sentence des philosophes, que la volupté est l’appât des méchants, et que les hommes s’y laissent prendre comme le poisson à l’hameçon. Quoique les vieillards prennent soin de ne pas s’y livrer, vous ne pouvez pas, cependant, à votre âge, vous en garantir, et, loin d’avoir détruit en vous une passion qui fait honte à la vieillesse, elle vous a plus fortement entraîné dans les piéges de l’amour. Non-seulement la volupté égare votre esprit et votre jugement, en vous fascinant les yeux, mais vous m’avez aussi plongé dans un abime dont je ne sais plus comment sortir.

DÉMIPHON. Lysimaque, les dieux l’ordonnent ainsi, et il ne dépend point des hommes de s’y opposer. Si vous y réfléchissez, vous conviendrez que vous avez tort de vous emporter contre un ami confident ou témoin de vos anciennes fredaines, comme si vous n’aviez jamais rien fait de pareil.

LYSIMAQUE. Jamais, je le jure ; je m’en suis bien gardé. A peine si je respire ; ma femme est toute courroucée contre moi à cause de cette fille.

DÉMIPHON. Je me charge de la justification, je l’apaiserai.

LYSIMAQUE. Venez donc ; mais je vois sortir mon fils.


SCÈNE IV. — EUTYQUE, LYSIMAQUE, DÉMIPHON.


EUTYQUE. Je vais trouver mon père, pour qu’il sache que ma mère est calmée, et je reviens à l’instant.

LYSIMAQUE. Bon début. Eh bien, Eutyque, qu’y a-t-il ?

EUTYQUE. Vous voici tous les deux fort à propos.

LYSIMAQUE. Qu’est-ce donc ?

EUTYQUE, à Lysimaque. Votre femme est apaisée et radoucie ; dans un moment vous vous donnerez la main.

LYSIMAQUE. J’en remercie les dieux.

EUTYQUE, à Démiphon. Pour vous, je vous annonce que vous n’avez plus de maîtresse.

  1.  La scène suivante jusqu’aux mots : « Vos anciennes fredaines, » est une interpolation faite pour combler une lacune du texte. Nous en empruntons encore la traduction à Levée.