DINARQUE. Quand j’aurai le temps, je causerai de cela plus longuement avec toi. Pour le moment, rends-moi l’enfant.
PHRONÉSIE. Laissez-le plutôt, je vous en prie, quelques jours avec moi.
DINARQUE. Non pas.
PHRONÉSIE. De grâce.
DINARQUE. A quoi bon ?
PHRONÉSIE. Cela me sera utile. Trois jours seulement, tandis que j’attraperai quelque chose au militaire. Si j’en viens à bout, vous y trouverez votre compte aussi. Si vous emportez le marmot, tout l’espoir que j’avais de ce côté se trouve détruit.
DINARQUE. Bonne chance donc ; quand je voudrais t’aider, je n’en aurais pas le moyen. Sers-toi de l’enfant, et soigne-le, puisque tu as de quoi le soigner.
PHRONÉSIE. Je vous suis bien reconnaissante ; quand vous craindrez chez vous quelque avanie, réfugiez-vous auprès de moi ; soyez du moins mon ami pour la maraude.
DINARQUE. Adieu, Phronésie.
PHRONÉSIE. Je ne suis donc plus la prunelle de vos yeux ?
DINARQUE. Oh ! ce nom-là se répétera plus d’une fois encore.
PHRONÉSIE. Est-ce tout ?
DINARQUE. Adieu : quand j’en aurai le temps, je viendrai te voir. (Il sort.)
PHRONÉSIE. Il s’en va, il est parti, je peux parler sans me gêner. On a bien raison de dire que qui a des amis a richesses. Grâce à celui-ci, j’espère aujourd’hui soutirer encore quelque chose au militaire, que j’aime plus que moi-même… tant qu’il me donne ce que je veux. Quand nous avons reçu beaucoup, on ne s’en aperçoit bientôt guère. Les femmes de notre sorte sont si glorieuses !
ASTAPHIE. Hé, taisez-vous !
PHRONÉSIE. Qu’est-ce, je te prie ?
ASTAPHIE. Voici celui à qui l’enfant…
PHRONÉSIE. Laisse-le venir, laisse, si c’est lui. Qu’il s’approche de moi, puisqu’il le désire ; et ma foi, s’il y vient, je l’arrangerai comme il faut à force de ruses et de perfidies.