Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/492

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CALLICLÈS. Je vois, ma foi, que vous avez prononcé la sentence. Vous n’avez pas attendu qu’on vous la donnât, vous l’avez prisé ; gardez-la donc comme elle est. Mais je vous mettrai à l’amende, et pour votre méfait je retrancherai de la dot six grands talents.

DINARQUE. Vous êtes bon pour moi.

CALLICLÈS. Vous ferez bien d’aller là-dedans réclamer votre fils. Et emmenez au plus vite votre femme de chez moi. Je vais dégager la parole que j’avais donnée à un ami, et lui dire qu’il cherche pour son fils un autre parti. (Il sort.)

DINARQUE. Et moi, je vais réclamer l’enfant à cette femme, afin que plus tard elle ne nie pas. Mais il n’y a pas ce danger : elle a elle-même divulgué toute l’affaire… Eh ! la voici qui sort, ma foi, tout à propos. Elle a un trait bien long, puisque de là-bas il me perce le cœur.


SCÈNE IV. — PHRONÉSIE, DINARQUE, ASTAPHIE.


PHRONÉSIE. C’est une sotte, c’est une buse, que la courtisane qui, même dans le vin, ne songe pas à son intérêt. Si le reste du corps est ivre, que la tête du moins soit sobre. J’enrage qu’on ait ainsi maltraité ma coiffeuse ; elle vient de me dire que cet enfant s’est trouvé le fils de Dinarque. À cette nouvelle…

DINARQUE. Elle s’approche, celle qui possède et ma fortune et mes enfants.

PHRONÉSIE. Je l’aperçois, celui qui m’a prise pour curateur de ses biens.

DINARQUE. Femme, j’allais chez toi.

PHRONÉSIE. Qu’y a-t-il, mon amour ?

DINARQUE. Pas d’amour ; cesse la plaisanterie ; il n’est pas question de cela pour moi.

PHRONÉSIE. Je sais bien, ma foi, ce que vous voulez, ce que vous prétendez, ce que vous venez chercher. Vous voulez me voir, vous prétendez m’aimer, vous venez chercher l’enfant.

DINARQUE. Dieux immortels, comme elle s’exprime nettement ! comme elle va au fait en peu de paroles !

PHRONÉSIE. Je sais que vous avez une fiancée et un enfant de cette fiancée ; je sais que vous allez épouser ; votre cœur est ailleurs et vous m’abandonnerez. Réfléchissez cependant combien la souris, cette bête petite, est bien avisée de ne jamais confier sa sûreté à un seul trou. Si l’on vient assiéger sa porte. elle se réfugie dans une autre retraite.