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CALLICLÈS, à la servante. Parle, toi. Qui t’a commandé de donner l’enfant ?

LA SERVANTE. Ma vieille maîtresse.

CALLICLÈS, à la coiffeuse. Et toi, pourquoi l’as-tu pris ? LA COIFFEUSE. Ma jeune maîtresse m’a priée de lui apporter un enfant, en me recommandant le secret.

CALLICLÈS. Parle. Qu’as-tu fait de cet enfant ?

LA COIFFEUSE. Je l’ai porté à ma maîtresse.

CALLICLÈS. Et qu’est-ce que ta maîtresse en fait ?

LA COIFFEUSE. Elle l’a donné tout aussitôt à ma maîtresse.

CALLICLÈS. A quelle maîtresse, misérable ?

LA SERVANTE. Elles sont deux.

CALLICLÈS. Tâche de ne pas parler à moins que je ne t’interroge, et pour répondre à mes questions.

LA COIFFEUSE. La mère l’a donné à sa fille.

CALLICLÈS. Tu en dis plus que tout à l’heure.

LA COIFFEUSE. Vous en demandez davantage.

CALLICLÈS. Réponds sur-le-champ : qu’en a fait celle à qui on l’adonné ?

LA COIFFEUSE. Un enfant supposé.

CALLICLÈS. Pour qui ?

LA COIFFEUSE. Pour elle-même ; elle le fait passer pour son enfant.

CALLICLÈS. Pour son enfant ? Grands dieux, comme il est plus facile à une autre qu’à la vraie mère d’accoucher de l’enfant d’autrui ! C’est une autre qui souffre, et elle met au monde sans douleurs. L’enfant est bien heureux : il a deux mères et deux grand’mères ; je crains qu’il n’ait plus de pères encore. Voyez un peu la coquinerie des femmes !

LA SERVANTE. C’est la faute des hommes plutôt que des femmes, ma foi. C’est un homme, ce n’est pas une femme qui l’a engrossée.

CALLICLÈS. Je le sais aussi bien que toi. Tu l’as joliment gardée !

LA SERVANTE. Le plus fort peut le plus. C’était un homme, il était plus fort ; il a triomphé ; il a remporté ce qu’il voulait.

CALLICLÈS. Et, par Hercule, il t’a apporté à toi de quoi gémir.

LA SERVANTE. Je m’en suis aperçue, vous n’avez pas besoin de le dire.

CALLICLÈS. Je n’ai jamais pu t’amener aujourd’hui à me dire qui c’est.