Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHARINUS. Çà, mes pieds, prenez votre course, et droit à Cypre, puisque mon père me condamne à l’exil.

EUTYQUE. Vous perdez la tête : ne parlez pas ainsi.

CHARINUS. Je suis résolu à la chercher, en quelque lieu qu’elle puisse être.

EUTYQUE. Mais elle est chez nous.

CHARINUS. Ce qu’il m’a dit n’est que mensonge.

EUTYQUE. Je vous ai dit la vérité.

CHARINUS. Me voici à Cypre.

EUTYQUE. Suivez-moi donc et venez la voir, puisque vous en avez tant d’envie.

CHARINUS. Je me suis informé ; mais je ne l’ai pas trouvée.

EUTYQUE. Je ne me souviens plus de la colère de ma mère.

CHARINUS. Je continue donc mes recherches. J’arrive à Chalcis ; j’y trouve un hôte de Zacynthe ; je lui dis pourquoi je suis venu ; je lui demande qui l’a emmenée, qui la possède, s’il en a entendu parler.

EUTYQUE. Laissez là ces sornettes et suivez-moi à la maison.

CHARINUS. L’hôte me répond qu’à Zacynthe les figues ne sont pas mauvaises.

EUTYQUE. Ce n’est pas un menteur.

CHARINUS. Mais il croit avoir entendu dire que ma maîtresse est ici, dans Athènes.

EUTYQUE. Cet hôte de Zacynthe est un Calchas.

CHARINUS. Je m’embarque, je pars, j’arrive. Me voici revenu d’exil. Salut, Eutyque, mon ami. Et la santé ? Comment vont mes parents ? Vous dînez avec nous. Vous m’invitez ? à merveille, merci ; demain chez vous, aujourd’hui chez nous, ce sera bien et comme il faut.

EUTYQUE. Oh le rêveur ! il a perdu l’esprit.

CHARINUS. Que ne me guérissez-vous bien vite, mon ami ?

EUTYQUE. Suivez-moi donc.

CHARINUS. Je vous suis.

EUTYQUE. Doucement, je vous prie, vous m’écrasez les talons. Écoutez.

CHARINUS. Eh ! je ne fais que cela depuis deux heures.

EUTYQUE. Je veux raccommoder mon père et ma mère, car elle est fâchée…

CHARINUS. Marchez toujours.

EUTYQUE. A cause de cette jeune fille.

CHARINUS. Marchez donc.

EUTYQUE. Aussi, ayez soin…