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SCÈNE III. — CALLICLÈS, UNE SERVANTE, LA COIFFEUSE, DINARQUE.



CALLICLÈS, à la servante. Moi, que je te dise des sottises, (à la coiffeuse) ou que je t’en veuille à toi ! Vous venez de faire l’épreuve de mes sentiments, vous savez combien je suis un homme doux et pacifique. Je vous ai interrogées toutes deux, en vous fouettant à la potence, je me rappelle comment vous avez tout avoué ; je sais. Maintenant je veux vous entendre redire la même chose, avouez sans qu’on en vienne aux coups. Vous êtes de la race des vipères ; mais je vous avertis d’avance, n’ayez pas une langue double, pour que je ne vous fasse pas crever avec votre double langue, à moins que vous ne vouliez être menées à des maîtres fouetteurs.

LA SERVANTE. La violence nous a contraintes d’avouer la vérité ; ces courroies nous entament les bras.

CALLICLÈS. Si vous convenez de ce qui est, on vous déliera.

DINARQUE, à part. Je ne vois pas encore de quoi il s’agit, pourtant j’ai peur.

LA COIFFEUSE. Je ne sais pas quel mal j’ai fait.

CALLICLÈS. D’abord, mettez-vous à distance l’une de l’autre ; bien comme cela, c’est ce que je veux. Pour vous empêcher de vous faire des signes, je me tiendrai comme un mur entre vous deux. (A la servante.) Parle, toi.

LA SERVANTE. Que dirai-je ?

CALLICLÈS. Qu’a-t-on fait de l’enfant dont ma fille est accouchée, de mon petit-fils ? Expliquez-moi cela en deux mots.

LA SERVANTE. Je l’ai donné à cette femme.

CALLICLÈS. Tais-toi maintenant. (A la coiffeuse.) As-tu reçu l’enfant de ses mains ?

LA COIFFEUSE. Oui.

CALLICLÈS. Tais-toi, je ne veux rien de plus, ta confession me suffit.

LA SERVANTE. Je ne nie pas.

CALLICLÈS. Aussi tu sauves ta peau[1]. Jusqu’à présent, vous êtes d’accord toutes les deux.

DINARQUE, à part. Malheur a moi ! mes excès se découvrent ; je comptais si bien sur le mystère !

  1. Je lis avec Reilke lævorem au lieu de livorem.