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STRABAX. On entrera ; ne pense pas que je veuille être en retard. Astaphie. C’est gentil, au moins. (Strabax entre.)


SCÈNE II. — STRATILAX, ASTAPHIE.


STRATILAX. Je m’étonne que notre jeune maître, Strabax, ne soit pas encore revenu des champs. Mais peut-être se sera-t-il glissé à la sourdine dans son lieu de perdition.

ASTAPHIE. Il va se mettre à crier après moi, s’il m’aperçoit.

STRATILAX. Je ne suis plus aussi sauvage que je l’étais, Astaphie, tant s’en faut ; j’ai cessé d’être brutal, n’aie pas peur de moi. Que me veux-tu ? qu’est-ce ?

ASTAPHIE. Ce que c’est ? j’attends ta brutalité.

STRATILAX. Parle ; dis ce que tu veux et comment il faut s’y prendre. J’ai un caractère tout nouveau, je me suis défait de l’ancien. Et même je saurais devenir amoureux, et même prendre maîtresse.

ASTAPHIE. Bonne nouvelle, ma foi ; mais dis-moi, as-tu…

STRATILAX. Un parasite peut-être ?

ASTAPHIE. Tu as deviné à merveille ce que j’allais dire.

STRATILAX. Ah ! c’est que, depuis que je viens souvent à la ville, j’ai appris à dire des bons mots, je suis devenu un gai compagnon.

ASTAPHIE. Qu’est-ce que cela signifie ? c’est pour ces plaisanteries que tu te dis gai compagnon ?

STRATILAX. Oui, cela ressemble assez à campagnard.

ASTAPHIE. Entre avec moi, je te prie, mon cher cœur.

STRATILAX, l'embrassant. Tiens, voici pour toi. C’est une messe de passer la nuit ensemble.

ASTAPHIE. Miséricorde ? une messe ! qu’est-ce que cette bête-là ?

STRATILAX. J’ai économisé pro, comme les Prénestins, qui disent une gogne pour une cigogne.

ASTAPHIE. Allons, suis-moi.

STRATILAX. Que j’attende d’abord Strabax, il va peut-être revenir des champs.

ASTAPHIE. Mais Strabax est chez nous : il est arrivé tout à l’heure.

STRATILAX. Avant d’aller chez sa mère ? Fi, le vaurien !

ASTAPHIE. Voilà donc que tu retombes ?

STRATILAX. Non, je ne dis rien.