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STRATOPHANE. Et que deviendrai-je, moi, avec mon cadeau si mal venu, mes doux servantes ? Comment, tu t’en vas ?

PHRONÉSIE. Attrape. (Elle sort.)

STRATOPHANE. Comme tu me mets dehors ! on ne peut pas avoir la porte au nez de plus belle façon. On se moque joliment de moi… Attends… Pour un oui ou un non, je briserais les talons à toute la maisonnée. Y a-t-il cupidité comparable à celle des femmes ? Depuis qu’elle est accouchée d’un garçon, elle redresse la tête ; un peu plus elle me dirait : a Je ne te prie ni ne te défends de venir chez moi. i Mais moi, je ne veux pas venir, je ne viens pas. Ah ! sous peu de jours je la ferai convenir que je suis un homme de tête. (A son esclave.) Suis-moi : c’est assez de discours.



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ACTE III.


SCÈNE I. — STRABAX, ASTAPHIE


STRABAX. Mon père me dit ce matin d’aller aux champs donner la ration de glands pour le diner des bœufs. J’y vais, et par une- heureuse chance arrive à la ferme un homme qui devait de l’argent à mon père pour des brebis de Tarente qu’il lui avait achetées. Il demande mon père, je dis qu’il est à la ville, je m’informe de ce qu’il lui veut. Mon brave homme décharge une sacoche de son épaule, et me donne vingt mines ; je les reçois de bon cœur, je les mets dans ma bourse. Il part, et j’apporte en ville dans cette bourse mes mauvaises brebis. Il faut, ma foi, que Mars soit bien en colère contre mon père ; car ses brebis ne sont pas loin du loup[1]. De ce coup, je vais évincer tous ces citadins galants et coquets, je les mettrai tous à la porte. Je suis bien résolu à ruiner d’abord mon père, et ma mère ensuite : pour aujourd’hui, je porte leur argent à ma belle, que j’aime bien plus que ma mère. (Il frappe.) Hé ! y a-t-il quelqu’un ? Personne ? Va-t-on ouvrir ?

ASTAPHIE. Quelle idée singulière, dites-moi, cher Strabax ! Pourquoi n’entrez-vous pas tout de suite ? n’est-ce pas ce que vous deviez faire, vous un habitué de la maison ?

  1. Voyez la note de la page 230.