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STRATOPHANE, à Phronésie. Et toi, tu as osé dire que tu en aimes un autre ?

PHRONÉSIE. Ç’a été ma fantaisie.

STRATOPHANE. En vérité ? c’est ce que nous allons voir. Quoi ! pour un si mince présent, des herbes, de la viande, du miel au vinaigre, te voilà éprise d’un freluquet efféminé, frisé, qui vit à l’ombre et bat du tambourin, d’un rien qui vaille ?

GÉTA. Qu’est-ce à dire ? vous avez le front de dire du mal de mon maître, mauvais drôle, ramas de vices et de parjures ?

STRATOPHANE, montrant son épée. Ajoute un seul mot, et voici qui te hachera comme chair à pâté.

GÉTA, montrant son couteau. Touche-moi seulement, et je te fends le ventre comme à un agneau ; si à la guerre on t’appelle un brave, moi je suis un Mars à la cuisine.

PHRONÉSIE, à Stratophane. Si vous étiez sage, vous n’insulteriez pas mes visiteurs ; leurs cadeaux sont les bienvenus, et me font plaisir ; ce que j’ai reçu de vous n’a pour moi aucun charme.

STRATOPHANE. Alors, ma foi, j’ai perdu mes présents, et je suis perdu aussi.

GÉTA. C’est cela même. Que venez-vous donc nous ennuyer ici, quand votre fait est clair comme le jour ?

STRATOPHANE, à Phronésie. Que je meure aujourd’hui si je ne le chasse de chez toi !

GÉTA. Approche seulement, avance un peu.

STRATOPHANE. Tu me menaces encore, misérable ? À l’instant, à l’instant, je te mettrai en menus morceaux. Que viens-tu faire ici ? pourquoi entres-tu chez elle ? qui te permet de connaître ma maîtresse ? Tu mourras sur l’heure si tu remues la main.

GÉTA. Si je remue la main ?

STRATOPHANE. Obéis : attends, je vais t’exterminer sur l’heure.

GÉTA, à part. C’est fait de moi, il vaut mieux… (A Stratophane.) C’est un guet-apens : tu as là une épée plus longue que la mienne ; mais laisse-moi aller chercher ma broche, si je dois me battre avec toi. Je cours à la maison, guerrier, et je prendrai un juge équitable. (A part.) Détalons bien vite, puisque je n’ai pas encore le ventre fendu.



SCÈNE VIII. — PHRONÉSIE, STRATOPHANE.


PHRONÉSIE, à ses femmes. Donnez-moi mes sandales, et reconduisez-moi bien vite à ma chambre ; le grand air m’a donné une migraine affreuse.