EUTYQUE. Hé, voilà comme je vous aime.
CHARINUS. A merveille, esclave, prends cette chlamyde et tout ceci avec. Mais ne bouge pas de là, car si ce n’est pas vrai, je me remettrai en route.
EUTYQUE. Vous ne me croyez pas ?
CHARINUS. Je crois tout ce que vous me dites. Mais faites-moi entrer près d’elle, que je la voie.
EUTYQUE. Attendez un peu.
CHARINUS. Pourquoi attendre ?
EUTYQUE. Ce n’est pas le moment d’entrer.
CHARINUS. Vous me faites mourir.
EUTYQUE. Je vous le répète, vous n’avez pas besoin d’entrer à présent.
CHARINUS. Et pour quelle raison, dites-moi ?
EUTYQUE. Ce n’est pas la peine.
CHARINUS. Pourquoi cela ?
EUTYQUE. Parce qu’elle n’est pas visible.
CHARINUS. Pas visible, elle qui m’aime et que je paye de retour ? Il se moque de moi de toutes les manières ; je suis bien sot de le croire ; il me retarde ; reprenons ma chlamyde.
EUTYQUE. Un moment, écoutez.
CHARINUS. Tiens, esclave, voilà le manteau.
EUTYQUE. Ma mère est en grande colère contre mon père, parce qu’il a amené une courtisane chez nous, sous ses yeux, tandis qu’elle était à la campagne ; elle soupçonne que c’est sa maîtresse.
CHARINUS. J’ai remis ma ceinture.
EUTYQUE. Elle fait en ce moment une enquête là-dessus.
CHARINUS. J’ai mon épée dans la main.
EUTYQUE. Et si je vous faisais entrer maintenant…
CHARINUS. Ma fiole[1], et je pars.
EUTYQUE. Un instant, un instant, Charinus.
CHARINUS. Erreur, vous ne pouvez me tromper.
EUTYQUE. Je ne le veux pas non plus.
CHARINUS. Alors laissez-moi poursuivre mon chemin.
EUTYQUE. Je m’y oppose.
CHARINUS. Je perds mon temps ; allons, esclave, rentre au plus vite. Me voici sur mon char, les rênes en main.
EUTYQUE. Vous êtes fou.
- ↑ D’huile pour les frictions.