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DINARQUE. Et qu’est-ce que je deviendrai quand le militaire sera là ? Me faudra-t-il vivre abandonné de toi ?

PHRONÉSIE. Quand j’aurai de lui ce que je veux, il me sera facile de trouver une cause de brouille et de rupture. Après quoi, je serai toute à toi, ma chère âme, et du matin au soir.

DINARQUE. J’aimerais mieux du soir au matin, ma foi.

PHRONÉSIE. Mais je veux offrir aujourd’hui un sacrifice pour l’enfant, comme cela se fait le cinquième jour.

DINARQUE. C’est bien vu.

PHRONÉSIE. Ne pensez-vous pas à me faire un petit présent ?

DINARQUE. Par Hercule, mon cher cœur, il me semble que je fais une bonne affaire quand tu me demandes.

PHRONÉSIE. Et moi, quand je tiens.

DINARQUE. Tu l’auras dans un moment ; j’enverrai mon petit esclave.

PHRONÉSIE. N’y manquez pas.

DINARQUE. Quoi que ce soit, accepte-le de bonne grâce.

PHRONÉSIE. Je sais bien que vous choisirez votre cadeau de façon que je ne sois pas mécontente.

DINARQUE. Tu n’as plus rien à me dire ?

PHRONÉSIE. Quand vous en aurez le temps, revenez me voir.

DINARQUE. Adieu.

PHRONÉSIE. Adieu. (Elle sort.)

DINARQUE. Dieux immortels ! ce n’est pas là le fait d’une maîtresse, mais d’une amie toute confiante, d’une autre moi-même ; elle me confie cette supposition d’enfant, qu’une sœur ne confierait pas à sa propre sœur. Elle m’a laissé voir le fond de son âme, et que jamais de son vivant elle ne me sera infidèle. Et je ne l’aimerais pas, et je ne ferais pas tout pour elle ! Ah ! plutôt ne pas m’aimer moi-même que de lui refuser mon,. affection ! Et je ne lui enverrais pas un cadeau ! En sortant d’ici je vais lui faire porter cinq mines, et des provisions pour une mine seulement. Qu’elle ait de quoi se bien traiter, elle qui est si bonne pour moi, plutôt que moi qui ne sais quel mal me faire.


SCÈNE V. — PHRONÉSIE[1].


Donnez le sein à cet enfant. Que les pauvres mères ont d’inquiétudes et de tourments dans le cœur !… La jolie invention, ma foi ! Quand j’y pense, je trouve qu’on nous croit bien moins

  1. On voit l’intérieur de la maison.