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décampes à l’instant, si tu ne dis au plus vite ce que tu cherches, par Hercule, femme, je vais te .fouler à mes pieds, sur place, comme une laie foule ses marcassins.

ASTAPHIE. C’est un rustre achevé.

STRATILAX. Il y a quoi de rougir, peut-être ? Mais toi, sotte guenon, es-tu venue ici pour faire voir ton squelette en beaux atours ? Tu as fait teindre ta mante couleur de suie, coureuse, et tu te crois bien belle avec ton larcin ! Avance près de moi.

ASTAPHIE. Tu me plais, à présent.

STRATILAX. Autant que j’ai envie de te plaire.

ASTAPHIE. Tu mens.

STRATILAX. Dis-moi…

ASTAPHIE. Quoi ?

STRATILAX. Ce que je te demande. Veux-tu me faire cadeau de ces anneaux que tu portes là ?

ASTAPHIE. Cela se donne à qui le mérite.

STRATILAX. Ce sont de véritables trophées de Laverne[1]).

ASTAPHIE. Ne me touche pas.

STRATILAX,. Que je te touche ! Mon sarcloir me protège, aussi vrai que j’aimerais mieux m’atteler au tombereau avec un bœuf à larges cornes, et coucher toute la nuit avec lui sur la litière, que d’avoir de toi cent nuits et cent soupers. Tu me jettes au nez que je suis un rustre : tu es bien tombée, ma foi, pour trouver quelqu’un qui rougisse du reproche ! Mais qu’as-tu à démêler chez nous, femelle ? Pourquoi accours-tu ici toutes les fois que nous venons en ville ?

ASTAPHIE. Je veux voir vos femmes.

STRATILAX. Qu’est-ce que tu me chantes avec nos femmes ? il n’y a pas seulement une mouche au logis.

ASTAPHIE. Il n’y a point de femmes chez vous ?

STRATILAX. Elles sont parties pour la campagne, te dis-je. Va-t’en.

ASTAPHIE. Qu’as-tu à crier, furieux ?

STRATILAX. Si tu ne prends tes jambes à ton cou, je t’arrache du crâne cette perruque peignée, coiffée, frisée, bouclée, parfumée.

ASTAPHIE. Et pourquoi ?

STRATILAX. Parce que tu oses t’approcher de notre porte avec ta tête graissée et tes joues si joliment fardées.

  1. La déesse des voleurs. — Je suis dans tout ce passage fort tourmenté le texte de Reiske.