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DINARQUE. Vous êtes plus effrontées, mais ils sont perfides. Tout ce qu’on leur donne est perdu, ils n’en profitent pas eux-mêmes. Vous au moins, si vous gagnez quelque chose, vous le mangez et le buvez. Enfin ce sont des vauriens, vous des vauriennes, et des vaniteuses et des malicieuses.

ASTAPHIE. Le mal que vous dites d’eux et de nous, vous vous le dites à vous-même, Dinarque, de notre part et de la leur.

DINARQUE. Me crois-tu donc trépassé ?

ASTAPHIE. Peut-on l’être davantage, dites-moi ? un ancien amant de la première volée, qui n’a plus que des plaintes à offrir à sa maîtresse !

DINARQUE. C’est votre faute, ma foi, vous vous êtes trop pressées de me dépouiller ; il fallait y aller petit à petit, vous m’auriez conservé plus longtemps.

ASTAPHIE. Un amoureux est semblable à une place ennemie.

DINARQUE. En quoi ?

ASTAPHIE. Le plus tôt qu’elle est prise, est le meilleur pour la maîtresse.

DINARQUE. J’en conviens ; mais il y a bien de la différence entre un ami et un amant. Assurément les plus anciens amis sont les meilleurs. Je n’ai pas encore perdu mes terres, ma maison.

ASTAPHIE. Eh, de grâce pourquoi vous tenir à la porte comme un inconnu, un étranger ? Entrez, vous n’êtes pas un étranger chez nous ; sur ma foi, il n’y a personne aujourd’hui qu’elle aime plus que vous, et du fond du cœur, puisque vous avez des terres et une maison.

DINARQUE. Votre langue et vos discours sont tout lait et tout miel, mais votre cœur est plein de fiel et de vinaigre. La langue verse les doux propos, le cœur inonde d’amertume l’amant qui ne donne pas.

ASTAPHIE. On ne m’a pas appris à parler.