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NOTICE SUR LE BOURRU.



Le Bourru (d’autres l’appellent le Rustre, d’autres le Brutal) était une des comédies de Plaute que les Romains estimaient le plus[1]. Il est difficile de partager cet engouement, à moins que l’on ne cherche exclusivement dans une pièce de théâtre les saillies, les mots piquants, dont Plaute n’a jamais été plus prodigue qu’ici. Mais si l’on veut, outre l’esprit, un peu de morale dans l’action, un peu de dignité dans les caractères, ce n’est pas au Bourru qu’il faut s’adresser.

L’héroïne de cette comédie est une courtisane, éhontée entre toutes, qui mène de front trois intrigues et ruine en même temps trois amants : un jeune élégant, que nous voyons dès le début déjà presque réduit à la misère ; un militaire ; enfin un campagnard qui vole ses parents et gaspille leur bien. Afin de dépouiller plus à son aise le militaire, Phronésie lui fait croire qu’elle vient d’accoucher d’un enfant dont il est le père, et cet enfant se trouve être celui de l’élégant Dinarque et d’une jeune fille de bonne maison qu’il a séduite. Ce qui paraîtra incroyable, c’est que Dinarque, après avoir reconnu son enfant, consente à le prêter à Phronésie pour qu’elle puisse mener à bonne fin sa ruse ; ce qui n’est guère moins choquant, c’est la scène finale, où le militaire et le campagnard font assaut de présents pour obtenir les faveurs de Phronésie, et où elle promet

  1. Voyez la Notice sur Pseudolus.