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CHARMIDE. Qui est-ce qui vient là vers nous ?

LYSITÉLÈS. Lysitélès souhaite le bonjour à son beau-père Charmide.

CHARMIDE. Que les dieux, Lysitélès, comblent vos souhaits.

CALLICLÈS. Et moi, je ne mérite pas un bonjour ?

LYSITÉLÈS. Si fait ; bonjour, Calliclès. Mais il est juste qu’il passe avant vous : la chemise est plus proche que le manteau.

CHARMIDE. Je souhaite que les dieux mènent à bien vos desseins. J’ai entendu dire que ma fille vous, était promise.

LYSITÉLÈS. Si vous ne me la refusez pas.

CHARMIDE. Non pas, j’y consens.

LYSITÉLÈS. Ainsi, vous m’accordez la main de votre fille ?

CHARMIDE. Oui, avec mille philippes d’or pour dot.

LYSITÉLÈS. La dot ne m’occupe guère.

CHARMIDE. Si la fille est de votre goût, la dot qu’elle vous apporte doit être de votre goût aussi. Bref, vous n’épouserez pas celle que vous voulez, si vous ne prenez aussi ce dont vous ne voulez pas.

CALLICLÈS. Sa prétention est trop juste.

LYSITÉLÈS. On y fera droit sur votre sentence. (À Charmide.) À cette condition, me promettez-vous votre fille en mariage ?

CHARMIDE. Je vous la promets.

CALLICLÈS. Je vous la promets aussi.

LYSITÉLÈS. Salut donc, mes chers alliés.

CHARMIDE, à Calliclès. Pourtant, ma foi, il y a bien certaines choses qui m’ont fâché contre vous.

CALLICLÈS. Qu’ai-je donc fait ?

CHARMIDE. Vous avez laissé mon fils se perdre.

CALLICLÈS. Si j’y ai donné les mains, vous avez raison de m’en vouloir. Mais souffrez que j’obtienne de vous une grâce.

CHARMIDE. De quoi s’agit-il ?

CALLICLÈS. Vous allez le savoir. S’il a fait quelques sottises, pardonnez-lui. Pourquoi secouer la tête ?

CHARMIDE. J’ai bien du chagrin, et avec cela de la crainte.

CALLICLÈS. Que veut dire ?

CHARMIDE. Qu’il soit ce que je ne voudrais pas, voilà ce qui me chagrine ; et je crains, si je n’accueille pas votre prière, que vous ne me trouviez trop leste avec vous. Je ne me défendrai pas ; je ferai ce que vous désirez.

CALLICLÈS. Vous êtes un brave homme ; allons, je vais l’appeler.