à vous. Réclamez, vous vous faites un ennemi de l’ami que vous avez obligé. Devenez pressant, vous avez le choix entre deux choses : ou perdre ce que vous avez prêté, ou perdre votre ami.
CHARMIDE. Mais c’est Stasime, mon esclave.
STASIME. En prêtant un talent, j’ai acheté un ennemi et vendu un ami. Mais suis-je assez mais de m’occuper des affaires publiques au lieu de songer à ce qui me touche de plus près, à protéger mon dos ! Je rentre.
CHARMIDE. Hé, arrête à l’instant, holà, halte !
STASIME. Je ne m’arrête point.
CHARMIDE. Et moi, je veux que tu t’arrêtes.
STASIME. Et s’il ne me plaît pas que vous le vouliez ?
CHARMIDE. Ah ! tu es par trop insolent, Stasime !
STASIME. Achetez des esclaves, si vous voulez commander.
CHARMIDE. Eh, j’en ai acheté un, et je l’ai payé. Mais s’il ne m’écoute pas, que dois-je faire ?
STASIME. Corrigez-le comme il faut.
CHARMIDE. Bon conseil ; je veux le suivre.
STASIME. A moins que vous ne préfériez vous laisser mener.
CHARMIDE. S’il est brave garçon, je me laisse mener ; autrement, je profiterai de ton avis.
STASIME. Que m’importe, à moi, que vous ayez de bons ou de mauvais serviteurs ?
CHARMIDE. Tu auras ta part du bien comme du mal.
STASIME. Je vous en laisse une des deux ; quant à l’autre, la bonne, vous pouvez me la donner.
CHARMIDE. Si tu le mérites, soit ; mais regarde-moi, retourne la tête ; je suis Charmide.
STASIME. Hé ! qui est-ce qui parle de Charmide, de cet excellent homme ?
CHARMIDE. L’excellent homme lui-même.
STASIME. Mer, terre, ciel, dieux, je vous invoque ! Mes yeux sont-ils fidèles ? est-ce lui ? n’est-ce pas lui ? C’est lui. Oui, c’est lui, c’est assurément lui. Ô mon maître tant désiré, salut !
CHARMIDE. Salut, Stasime.
STASIME. De vous voir en bonne santé…
CHARMIDE. Je le sais, je le crois. Mais mettons le reste de côté, et réponds à ceci. Que font mes eut/mis que j’ai laissés ici, mon fils et ma fille ?
STASIME. Ils sont vivants, bien portants.