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LE SYCOPHANTE. Reçu de vous ?

CHARMIDE. Oui bien.

LE SYCOPHANTE. Qui êtes-vous donc ?

CHARMIDE. Celui qui vous a donné les mille philippes ; je suis Charmide.

LE SYCOPHANTE. Non, vous ne l’êtes pas et vous ne le serez jamais, au moins pour ce qui est de cet or. Allez donc, conteur de sornettes, vous voulez en conter à un conteur.

CHARMIDE. C’est moi qui suis Charmide.

LE SYCOPHANTE. Cela ne vous sert de guère, ma foi ; je n’ai pas d’or sur moi. Vous avez voulu trop finement profiter de la petite occasion : quand j’ai eu dit que j’apportais de l’or, vite Vous êtes devenu Charmide ; mais vous ne l’étiez pas avant que j’eusse parlé des philippes. C’est comme si vous chantiez. Aussi comme Vous vous êtes encharmidé, décharmidez-vous maintenant.

CHARMIDE. Qui suis-je donc, si je ne suis pas qui je suis ?

LE SYCOPHANTE. Qu’est-ce que cela me fait ? pourvu que vous lie soyez pas celui que je ne veux pas que vous soyez, vous pouvez être qui vous voudrez. Tout à l’heure, vous n’étiez pas ce que vous étiez, et à présent vous devenez ce que vous n’étiez pas tantôt.

CHARMIDE. Allons, faites vite.

LE SYCOPHANTE. Que je fasse quoi ?

CHARMIDE. Rendez-moi l’or.

LE SYCOPHANTE. Vous rêvez, mon bonhomme.

CHARMIDE. Vous reconnaissez que Charmide tous a remis de l’or.

LE SYCOPHANTE. En écrit, oui.

CHARMIDE. Vous dépêcherez-vous ou non, rôdeur, de détaler d’ici, avant que je ne vous fasse rosser à tour de bras ?

LE SYCOPHANTE. Pourquoi donc ?

CHARMIDE. Parce que je suis ce Charmide que vous mêlez à vos menteries et de qui vous prétendez tenir des lettres.

LE SYCOPHANTE. Oui-dà, c’est vous ?

CHARMIDE. Oui, c’est moi.

LE SYCOPHANTE. Vraiment, c’est vous-même ?

CHARMIDE. Oui.

LE SYCOPHANTE. Vous-même ?

CHARMIDE. Oui moi-même, moi Charmide.

LE SYCOPHANTE. Ainsi c’est vous ?

CHARMIDE. En chair et en os. Éloignez-vous de mes yeux.