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de mon ami Calliclès, à qui j’ai confié mes enfants et mes biens.

LE SYCOPHANTE. Indiquez-moi, si vous le savez, bonhomme, où ils demeurent tous les deux.

CHARMIDE. Que leur voulez-vous ? qui êtes-vous ? d'où êtes-vous ? d’où venez-vous ?

LE SYCOPHANTE. Voilà bien des questions à la fois ! je ne sais à laquelle répondre d’abord. Si vous m’interrogez tranquillement et sur chaque chose à son tour, je vous ferai savoir mon nom, ma vie, mes voyages.

CHARMIDE. Eh bien, je veux vous contenter : dites-moi donc d’abord votre nom.

LE SYCOPHANTE. Vous débutez par demander une bien grosse affaire.

CHARMIDE. Pourquoi cela ?

LE SYCOPHANTE. Parce que, bonhomme, si vous partiez avant le jour du commencement de mon nom, vous ne seriez pas arrivé au bout qu’il ferait déjà nuit noire.

CHARMIDE. A vous entendre, pour faire le tout de votre nom, il faut se munir de provisions et de flambeaux.

LE SYCOPHANTE. J’en ai un autre tout petit, comme un carafon a vin.

CHARMIDE, à part. Voilà un fier imposteur. (Haut.) Ça, l’ami !

LE SYCOPHANTE. Qu’est-ce ?

CHARMIDE. Dites-moi, qu’est-ce que vous doivent ces gens que vous cherchez ?

LE SYCOPHANTE. Le père du jeune homme, de Lesbonicus, m’a donné ces deux lettres : c’est mon ami.

CHARMIDE, à part. Je le tiens. Il dit que je lui ai remis des lettres, je vais joliment me moquer de lui.

LE SYCOPHANTE. Si vous voulez m’écouter, j’achèverai de vous instruire.

CHARMIDE. Je suis tout oreilles.

LE SYCOPHANTE. Il m’a recommandé de remettre celle-ci à son fils Lesbonicus, et l’autre à son ami Calliclès.

CHARMIDE, à part. Puisqu’il me conte des bourdes, ma foi, je veux lui en conter aussi. (Haut.) Et où est-il ?

LE SYCOPHANTE. Il faisait fort bien ses affaires.

CHARMIDE. Mais où ?

LE SYCOPHANTE. A Séleucie.

CHARMIDE. Et c’est lui-même qui vous a remis les lettres ?