Souvenez-vous d’un vieux proverbe : Heureux celui qui apprend à devenir sage aux dépens d’autrui !
PÉRISTRATE. Vous n’ignorez pas, Dorippe, que je n’ai qu’un fils unique.
DORIPPE. Je le sais.
PÉRISTRATE. Son père l’a chassé autrefois, et l’a envoyé à Rhodes.
DORIPPE. Pourquoi ?
PÉRISTRATE. Parce qu’il avait formé une inclination.
DORIPPE. Pour cela seul ?
PÉRISTRATE. Et il en agit de même aujourd’hui. Son fils a amené à la maison une jeune esclave dont il est amoureux. Dès qu’il l’a su, il l’a mise à la porte, et la fait mettre en vente.
DORIPPE, à part. Bon ! je comprends. Mon fils m’avait dit vrai : je pensais que c’était une intrigue de mon mari. (Haut.) A qui l’a-t-on donnée ?
PÉRISTRATE. A un vieillard de ses amis qui demeure dans le voisinage. Je pense qu’il n’a d’autre ami que votre mari.
DORIPPE, à part. C’est cela même. (Haut.) Et votre fils ?
PÉRISTRATE. Il resterait ici.
DORIPPE. Contre toute espérance, nous voilà sauvés. Ne craignez rien : cette fille est chez moi.
PÉRISTRATE. Chez vous ? C’est elle apparemment de qui vous parliez il n’y a qu’un moment ?
DORIPPE. Elle-même.
PÉRISTRATE. Quel bonheur inattendu ! J’ai bien raison de vous aimer ; vous me rendez un fils. Laissez-moi voir cette jeune personne.
DORIPPE. Très-volontiers, entrons.
PÉRISTRATE, à Lycissa. Allons. Écoute, Lycissa ; cours annoncer à Acanthion ce qui vient d’arriver. J’entre un moment chez ma voisine Dorippe.
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ACTE V.
SCÈNE I. — CHARINUS.
Seuil et linteau de cette porte, salut et en même temps adieu ! Aujourd’hui pour la dernière fois je sors de la maison paternelle. L’habitation, la jouissance, les habitudes, la vie de