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PHILTON. Je crois bien que tu me dis la vérité, Stasime ; mais les gens de la campagne sont encore bien plus durs que les Syriens. D’après ce que je viens d’entendre, c’est une terre où il faudrait envoyer tous les malfaiteurs. C’est comme ces Iles fortunées dont on parle, où se rassemblent tous ceux qui ont vécu honnêtement ; on devrait reléguer les scélérats dans un lieu comme celui que tu dis.

STASIME. C’est un endroit de malheur ; quelque calamité qu’on cherche, on est sûr de la trouver là.

PHILTON. Mais toi, tu sais en trouver ailleurs aussi bien que là.

STASIME. N’allez pas lui dire que je vous l’ai dit.

PHILTON. Ton secret ne risque rien.

STASIME. Il a bonne envie de s’en débarrasser, s’il trouvait quelqu’un à qui jouer ce tour.

PHILTON. Je n’en ferai jamais l’emplette, ma foi.

STASIME. Vous aurez bien raison. (A part.) J’ai joliment dégoûté le vieillard de notre campagne ; c’est que si Lesbonicus la donnait, nous n’aurions plus rien pour vivre.

PHILTON. Je reviens à vous, Lesbonicus.

LESBONICUS. Dites-moi, qu’est-ce qu’il vous a chanté ?

PHILTON. Qu’en pensez-vous ? il est homme ; il voudrait devenir libre ; mais il n’a pas de quoi payer.

LESBONICUS. Et moi être riche, mais j’ai beau le vouloir.

STASIME. Vous auriez pu, si vous aviez voulu ; mais vous n’avez plus rien, vous ne pouvez plus.

LESBONICUS. Qu’est-ce que tu marmottes, Stasime ?

STASIME. C’est à propos de ce que vous venez de dire : si vous aviez voulu dans le temps, vous l’auriez été ; à présent, vous le souhaitez trop tard.

PHILTON. Pour la dot, vous ne pouvez vous arranger avec moi ; entendez-vous avec mon fils à votre idée. Maintenant, je vous demande votre sœur pour mon garçon. Que cette alliance soit heureuse ! Eh bien, vous réfléchissez encore !

LESBONICUS. A quoi bon ? puisque c’est votre fantaisie, que les dieux nous bénissent ! vous avez ma parole.

PHILTON. Jamais, ma foi, personne n’a tant désiré la naissance d’un fils que moi ce « Vous avez ma parole, » dont vous venez d’accoucher.

STASIME. Que les dieux bénissent vos projets !

PHILTON. C’est ce que je souhaite.

LESBONICUS. Eh bien, Stasime, va trouver ma sœur chez Calliclès ; dis-lui comment l’affaire s’est faite.