Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SYRA. On le croit à la campagne. Il n’est pas même certain qu’il revienne aujourd’hui. Son fermier doit compter avec lui.

DORIPPE. Aujourd’hui tout contrarie mes vues. Je ne vivrai pas jusqu’à ce soir, ou je chasserai loin de moi cette malheureuse. Je vais rentrer à la maison.

LYCISSA, à Péristrate. Elle s’en va, ma chère maîtresse.

PÉRISTRATE. Hé bien, appelle-la.

LYCISSA. Dorippe ! Dorippe !

DORIPPE. Encore une nouvelle contrariété ! Qui est-ce qui m’appelle ?

PÉRISTRATE. Mon dessein n’est pas de vous contrarier. Je suis votre affectionnée, votre amie Péristrate. Arrêter, je vous en prie.

DORIPPE. Ah ! Péristrate ! En vérité, je ne vous reconnais pas, tant la colère m’agite et me tourmente !

PÉRISTRATE. Précisément je désire en savoir la cause. Ne me cachez rien, je vous en prie ; j’ai entendu ce que vous avez dit. Voulez-vous m’apprendre le sujet de votre inquiétude ?

DORIPPE. Péristrate, que les dieux conservent votre fils ! Accordez-moi votre bienveillance, j’en ai besoin plus que jamais. Nous sommes de même âge ; nous avons été élevées ensemble ; nos maris sont aussi de même âge, et j’ai le plus grand plaisir à m’entretenir avec vous. Ce n’est pas sans raison que je désirerais savoir quel parti vous prendriez si maintenant, à son âge, votre mari Démiphon amenait une maîtresse chez vous, devant vos yeux ?

PÉRISTRATE. Votre mari en a-t-il amené une chez vous ?

DORIPPE. Sans doute.

PÉRISTRATE. Y est-elle en ce moment ?

DORIPPE. Oui. Et même les cuisiniers étaient déjà loués : on allait préparer un repas si mon retour n’eût troublé la fête. Est-ce à un malheureux vieillard comme lui que Vénus et Cupidon doivent s’adresser ?

PÉRISTRATE. Cela n’est rien, ma chère Dorippe ; plût aux dieux que je ne fusse pas plus à plaindre que vous !

DORIPPE. Comment ! cela n’est rien !

PÉRISTRATE. Non.

DORIPPE. Quel plus grand outrage pourrait vous faire votre mari ?

PÉRISTRATE. Le plus grand de tous.

DORIPPE. Que vous a-t-il fait ? dites-le-moi, je vous prie, afin que nous puissions mutuellement nous donner des conseils.