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Moi aussi, je veux être libre, et j’ai beau le vouloir ; (montrant, Lesbonicus) celui-ci voudrait être bon sujet, cela l’avance bien !

PHILTON. Mon fils m’envoie vers vous pour ménager entre vous deux alliance et amitié. Il veut épouser votre sœur, et j’en suis d’accord, je le veux aussi.

LESBONICUS. Je ne vous reconnais point là. Votre fortune insulte à ma misère.

PHILTON. Je suis homme, vous l’êtes aussi ; me protège Jupiter, aussi vrai que je ne suis point venu pour me moquer de vous, cela ne serait pas bien. Mais, comme je viens de vous dire, mon fils m’a prie de vous demander pour lui la main de votre sœur.

LESBONICUS. Je ne dois pas perdre de vue l’état où en sont mes affaires ; notre rang n’est pas de pair avec le vôtre : cherchez-vous une autre alliance.

STASIME, à Lesbonicus. Avez-vous perdu l’esprit et le sens, de refuser une proposition pareille ? vous trouvez là, à ce que je vois, un utile ami.

LESBONICUS. Va te pendre.

STASIME. Je voudrais y aller, que vous m’en empêcheriez.

LESBONICUS. Si vous n’avez plus rien à me dire, Philton, je vous ai fait ma réponse.

PHILTON. J’espère, Lesbonicus, vous trouver plus amical que vous ne l’êtes à présent. Action maladroite, parole maladroite, ni l’un ni l’autre n’est bon dans la vie, Lesbonicus.

STASIME. Il dit vrai, ma foi.

LESBONICUS, à Stasime. Je t’arrache un œil si tu ajoutes un traître mot.

STASIME. Oh ! ma foi, je parlerai tout de même ; si ce n’est avec mes deux yeux, ce sera avec un seul.

PHILTON. Ainsi vous dites que votre rang, votre fortune, ne sont pas de pair avec les nôtres ?

LESBONICUS. Oui, je le dis.

PHILTON. Alors, si vous alliez dans un temple à un banquet, et si par hasard un gros bonnet se trouvait à côté de vous, qu’on servit un de ces repas populaires dont ses clients auraient fait les frais, si vous aimiez un des mets qu’on lui aurait offerts, en mangeriez-vous, ou vous mettriez-vous à table avec le gros bonnet, sans manger ?

LESBONICUS. Je mangerais, s’il ne me le défendait pas.

STASIME. Et moi, ma foi, il me le défendrait que je mangerais quand même, et des deux mâchoires, et jusqu’à mon soûl ;