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STASIME. Et ce que vous avez donné aux filles ?

LESBONICUS. Je le comprends aussi.

STASIME. Et ce que j’ai rapiné ?

LESBONICUS. Oh ! c’est là le plus gros article.

STASIME. Vous ne pouvez pas avoir encore quand vous avez dépensé, à moins que vous ne croyiez que votre argent est immortel. (A part.) Il pense trop tard, comme une buse, aux précautions qu’il fallait prendre d’abord : il-commence par manger son bien et il calcule après.

LESBONICUS. Cependant cela ne fait pas le compte.

STASIME. Le compte est, ma foi, tout clair : l’argent est parti. Vous avez reçu quarante mines de Calliclès et il a reçu de vous la maison en toute propriété.

LESBONICUS. Parfaitement.

PHILTON, à part. Notre beau-frère, à ce que je vois, a vendu sa maison. Quand le papa reviendra, il ne manque pas de place à la porte de la ville, à moins qu’il ne se fourre dans le ventre de son fils.

STASIME. On a payé au banquier mille drachmes olympiques que vous deviez pour règlement de compte.

LESBONICUS. Oui, cet argent dont j’avais répondu.

STASIME. Dites plutôt que vous avez donné ; on vous a fait payer, comme caution, pour cet étourneau qui était riche, disiez-vous.

LESBONICUS. C’est vrai.

STASIME. Autant de perdu.

LESBONICUS. C’est encore vrai ; mais je le voyais malheureux, et j’ai eu pitié de lui.

STASIME. Vous avez pitié des autres, mais pour vous-même vous n’avez ni honte ni pitié.

PHILTON, à part. C’est le moment de l’aborder.

LESBONICUS. N’est-ce pas Philton qui vient par ici ? Oui, ma foi, c’est lui-même.

STASIME. Par Pollux, je voudrais le voir devenir mon esclave, avec son pécule.

PHILTON. Philton souhaite bien le bonjour au maître et au serviteur, à Lesbonicus et à Stasime.

LESBONICUS. Que les dieux, Philton, comblent tous vos désirs. Comment va votre fils ?

PHILTON. Il vous veut du bien.

LESBONICUS. Par Pollux, c’est un prêté pour un rendu.

STASIME. Triste mot : « Il veut du bien, » s’il n’en fait pas.