Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE I.


SCÈNE I. — MÉGARONIDE.


Oui, gronder un ami quand il a fait une faute, c'est un acte dont on vous sait peu de gré ; mais dans la vie c’est une chose utile et profitable. Moi par exemple, aujourd’hui, je chapitrerai un de mes amis, et il le mérite bien ; ce sera malgré moi, mais l’honneur le commande. C’est une contagion qui attaque par trop les bonnes mœurs ; aussi sont-elles déjà à moitié mortes. Et tandis qu’elles sont sur le flanc, les mauvaises, comme des plantes largement arrosées, grandissent et foisonnent ; rien n’est si commun de nos jours ; on pourrait en faire une abondante moisson. La plupart des gens s’occupent plus de plaire à quelques-uns que d’être utiles à tout le monde. Ainsi la complaisance triomphe de l’intérêt général ; elle embarrasse, elle est fâcheuse en mille circonstances, et retarde le bien public et particulier.



SCÈNE II. — CALLICLÈS, MÉGARONIDE.


CALLICLÈS, sortant de chez Lesbonicus. J’entends qu’on orne d’une couronne notre dieu Lare ; ma femme, prie-le que cette maison nous soit bonne, propice, heureuse, fortunée… et que je te voie mourir au plus vite.

MÉGARONIDE. Le voilà, cet homme qui sur ses vieux jours est redevenu enfant, et qui s’est mis dans le cas de recevoir une verte semonce. Abordons-le.

CALLICLÈS. Quelle est cette voix qui se fait entendre près de moi ?

MÉGARONIDE. C’est celle d’un homme qui vous veut du bien, si vous êtes comme je désire ; autrement, c’est celle d’un ennemi en colère.

CALLICLÈS. Salut, mon ami, ami de mon âge. Comment cela va-t-il, Mégaronide ?

MÉGARONIDE. Salut à vous aussi, ma foi, Calliclès. Cela va-t-il ? cela a-t-il été ?

CALLICLÈS. La santé est bonne, elle a été meilleure.

MÉGARONIDE. Et votre femme ? comment se porte-t-elle ?

CALLICLÈS. Mieux que je ne voudrais.